Le Chat du Rabbin de Joann Sfar – Ed. Dargaud – Intégrale (vol. 1 à 5), 288 p., 34,90 € – Tu n’auras d’autre dieu de moi (vol. 6), 56 p., 12,99€
Depuis décembre 2006 et l’album Jérusalem d’Afrique, le chat n’avait plus parlé ni pensé, ni même miaulé. Sauf au cinéma, dans le long-métrage réalisé par Joann Sfar et Antoine Delesvaux, »Le Chat du Rabbin » (César du meilleur film d’animation 2012).

C’est donc avec émotion que les fans de la série ont découvert en août dernier ce sixième opus, intitulé Tu n’auras pas d’autre dieu de moi. L’auteur y explore l’une après l’autre les différentes facettes de la vie du rabbin à Oran. La population de cette ville aux origines multiples a appris, au cours d’une longue histoire, à ne pas dépasser certaines limites, ou à ne les enfreindre… que dans certaines limites.
Dans le premier épisode, La Bar-Mitsva, le rabbin découvre que son chat, qui s’est mis à parler à la suite d’un incident déplorable, a étudié les livres de son maître et qu’il les explique à sa façon.
Le Chat, ce grand bavard philosophe, que ses études rabbiniques ont rempli d’astuce (et d’astuces), ne dédaigne pas pour autant les ficelles de l’esprit occidental. Il commente, tout au long des histoires suivantes, les voyages et les équipées dans lesquelles son maître est entraîné par des personnages parfois saugrenus mais toujours significatifs.
Ainsi dans Le Malka des Lions (les montagnes de l’Afrique du Nord et les fiançailles de Zlabya, la fille du rabbin), L’Exode (la belle-famille de Zlabya dans le Paris des années 20), Le Paradis terrestre (la longue errance du rabbin, de son cousin le Malka et de son vieux lion), puis dans la surprenante Jérusalem d’Afrique, protégée par de féroces gardiens.
Avec Tu n’auras pas d’autre dieu que moi, nous revenons à Oran, cette ville magique où les hommes habitent dans de vieilles pierres dont ils semblent issus. Zlabya attend son premier enfant. Le chat est inquiet. Sa maîtresse ne fait guère attention à lui, elle vit dans un rêve où il ne peut la suivre. D’ailleurs il n’a pas le droit de lui parler, il l’a promis au rabbin.
Et à la naissance de l’enfant, le Chat comprend que la mère, le père et leur petit sont maintenant dans un jardin clos, dont l’accès lui est interdit. Il en vient à se demander « Et si ce n’était pas moi le centre du monde ? »
Il s’en va, il essaie de devenir un « chat normal », mais ce n’est pas facile quand on en a depuis si longtemps perdu l’habitude. Il fait la connaissance de « la petite souris » et l’accompagne dans une aventure à la fois désopilante et sordide, dont il sort dégouté.
Le dessin de Joann Sfar est toujours aussi évocateur. Il contribue à créer chez le lecteur un espace de liberté, où les idées se nichent et évoluent à leur façon.
Zlabya a raison de dire : « Les rêves, ce n’est pas des mensonges, si je ne rêvais pas, j’exploserais. »
Jeanne Marcuse
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19214108&cfilm=129365.html
To-day