de Mandragore (texte et dessin) – Ed. L’Œuf
L’album est accompagné d’un CD
Chronique Juliette Poullot (5’16) – Librairie Les Buveurs d’Encre, Paris 19e
28 €
Également diffusée dans l’émission « Act’heure » sur FPP 106.3, le 29 novembre
de Mandragore (texte et dessin) – Ed. L’Œuf
L’album est accompagné d’un CD
Chronique Juliette Poullot (5’16) – Librairie Les Buveurs d’Encre, Paris 19e
28 €
Également diffusée dans l’émission « Act’heure » sur FPP 106.3, le 29 novembre
de Daisuke Igarashi, Shin’Ichi Sakamoto, Katsuya Terada, Mari Yamazaki (Japon) et Chang Sheng, Richard Metson, TK et Chang Sheng, Richard Metson, TK, Ah Tui (Taïwan) – Ed. Futuropolis
Huit auteurs asiatiques promènent leurs regards, leurs plumes, leurs pinceaux sur le musée du Louvre, ou plus exactement sur leurs fantasmes du Louvre.
Une Samothrace égarée dans les grands fonds sous-marins se voit confectionner un masque étrange, avant que sa rencontre avec une baleine ne tourne mal… pour la baleine.
À Florence, Léonard met la dernière touche au regard de Mona Lisa, promettant à celle-ci de lui survivre. Imperturbable, la Joconde voit défiler sans ciller les siècles, les reines, la Révolution, les hommes, les guerres, sans même qu’une vilaine tâche d’encre ne vienne troubler son regard
Le Louvre a disparu ? Mais non il s’est éparpillé dans chaque recoin du monde, en tous et en chacun !
Deux enfants explorent les ruines de Palmyre, parmi lesquelles moutons et chameaux broutent l’herbe rare. Un homme rencontré là, leur fait « voir » la cité d’autrefois, riche, luxuriante, dans laquelle les yeux noirs entrevus d’une belle jeune femme leur pourfendent le cœur. Des explosions secouent tout à coup les ruines et font fuir les enfants. Ils traversent la Méditerranée et viennent à Paris, au Louvre, retrouver la belle Ummayat, fille de Yaharai. (Hommage à Khaled Assad).
Des extra-terrestres, se piquant de dialoguer avec l’Art, viennent au musée et se trouvent captivés au point de décider d’y demeurer, sous couvert d’enrichir les collections permanentes d’objets non identifiés.
Excédé par les questions « horriblement ennuyeuses » de certains visiteurs, un guide n’aime que les jours de fermeture, lorsque le Louvre lui appartient. Il en vient, à son corps défendant, à nouer un lien de coopération constructive avec le robot qui doit à terme lui succéder. Uniquement pour lui insuffler les bases de la beauté.
Un cosmonaute, embarqué pour un vol hyper-spatial, voit son vaisseau, « Le lapin », désintégré par des faisceaux de particules. Au cours de son errance sur une planète inconnue, il se retrouve face à Mona Lisa, puis se réveille dans l’hôpital d’un monde parallèle. Il s’en échappe pour aller au Louvre et, là, découvre que le sourire de la Joconde cache un pont d’un univers à un autre.
Un voyage violent et psychédélique dans le temps nous entraîne dans un monde peuplé de robots, où un drame d’amour se joue lors du démantèlement du Louvre pour son transfert ailleurs.
Les représentations font voyager dans le temps et l’espace. Nous passons d’un univers visuel à un autre, avec des noirs et blancs violents ou tendres, des fusains, des couleurs chaudes, des taches de pastel sur mine de plomb, des dessins hyperréalistes ou fantastiques.
Chaque lecteur y trouvera de quoi rêver à son tour.
Nicole Cortesi-Grou
200 p., 25 € En librairie le 28 novembre 2016
Collectif créé par Eléonore Zuber – Ed. Cambourakis
La série des « Lorsque » est née en février 2014 dans l’atelier de sérigraphie des Arts décoratifs de Strasbourg.
La plupart des saynètes interpellent et renvoient à des « états » plus ou moins familiers, croqués en deux temps trois mouvements et une douzaine de dessins, minimalistes ou sophistiqués selon leurs auteur(e)s.
Parmi les titres publiés en novembre 2016, on retiendra Lorsque je n’arrive pas à dormir, dans lequel la victime d’une insomnie, exaspérée par son conjoint, qui lui dort à poings fermés, lui assène un vigoureux et réprobateur » Tu dors ?! » au creux de l’oreille.Les rôles sont bien entendu interchangeables…
Comme l’est le personnage de cet épisode intitulé Lorsque j’ai un peu trop picolé la veille (le premier de la série à avoir été écrit par un garçon*), dans lequel, après avoir mesuré (et chiffré) les conséquences de ses « dérives » nocturnes et s’être juré que « plus jamais », le héros décide finalement qu’il vaut mieux traiter le mal par le mal… « Il faut toujours caresser un chien qui t’a mordu la veille« , conclut-il un verre à la main.
Certains titres récents semblent être le prolongement d’autres plus anciens, et tendre, plus particulièrement à leurs lectrices, un miroir dans lequel il leur sera difficile de ne pas se reconnaître. Témoin Lorsque je regarde mon enfant de Aude Picault (mars 2016), suivi sept mois plus tard de Lorsque je regarde les enfants des autres d’Anne Simon. On y voit successivement une mère en pâmoison devant son futur génie de fils, puis exaspérée par les rejetons de ses amis.
Ou encore cette mise en images et en dialogues de la relation mère-fille, avec ses éclats de voix et ses frustrations. On espère un titre prochain autour du tandem belle-mère belle-fille.
On l’aura compris, beaucoup d’humour et d’autodérision de la part des auteur(e)s de cette série mini-format, qui n’est pas sans évoquer celle des « Bref« , créée pour le petit écran en 2011 par Kyan Khojandi.
A. C.
16 p., 90×130 mm, 5 €
Titres récents (août-novembre 2016)
– Lorsque j’ai un peu trop picolé la veille de Terreur graphique *
– Lorsque je suis avec ma mère de Florence Dupré la Tour
– Lorsque je n’arrive pas à dormir de Marion Puech
– Lorsque je regarde les enfants des autres d’Anne Simon
– Lorsque je deviens vegan de Takayo Akiyama
– Lorsque je fais du vélo d’Anne Rouquette
www.cambourakis.com
de Lolita Séchan (scénario et dessin) – Ed. Delcourt
Chronique (4’12) Juliette Poullot, librairie Les Buveurs d’Encre Paris 19e
23,95 €
Egalement diffusée le 22 novembre 2016 dans l’émission Act’heure, sur FPP 106.3 FM
Fabcaro (textes et dessins) – Ed. la Cafetière
Chronique Yves Martin (4’18), librairie Les Buveurs d’Encre Paris 19e
www.buveursdencre.com
144 p., 19 €
Prochainement diffusée dans l’émission « Act’heure » s/FPP 106.3 FM
Du même auteur :
Ed. 6 Pieds sous terre
de Cyril Bonin (texte et dessin), d’après le roman de David Foenkinos – Ed. Futuropolis
« Nathalie et François s’étaient rencontrés dans la rue. C’est toujours délicat un homme qui aborde une femme, elle se demande forcément : est-ce qu’il passe son temps à faire ça ? (…) Ils avaient l’impression de s’être déjà rencontrés, de se voir parce qu’ils avaient rendez-vous. C’était d’une simplicité déconcertante.
François pensa : si elle commande un jus d’abricot, je l’épouse » (planches 1 et 2).
Il y a d’abord eu le roman à succès (Gallimard, 2009), puis le film réalisé en 2011 par l’auteur, avec Audrey Tautou dans le rôle de cette jolie et brillante jeune femme qui voit sa vie s’écrouler lorsque son bel amour meurt dans un accident de la circulation.
La suite est prévisible : le coeur « en hiver » de Nathalie finira malgré tout par se remettre à battre au rythme de celui de Markus, timide et gauche en apparence, mais résolu à conquérir celui de la belle.
Un scénario simple pour ce qui, a priori, ressemble à une bluette. Il y a effectivement de cela dans cette histoire maintes fois revisitée sous toutes les latitudes, mais il y a aussi autre chose : un dosage subtil entre le léger et le grave, la déréliction et la résilience.
Le premier tiers de l’album a une fonction narrative, les situations et le ressenti des personnages s’y expriment pleinement. La seconde, conséquence d’un geste irréfléchi de Nathalie – par ailleurs courtisée par son boss – à l’égard de Markus, fait la part belle à des envolées de bulles. Les dessins réalistes sont en demie-teinte et laissent deviner plus qu’ils ne montrent. Cyril Bonin qui avait signé en 2013 et 2015 le dyptique Amorostasia* (« Ne cherchez plus l’amour, vous risqueriez de le trouver ! « , prévenait-il), propose ici sa lecture de l’œuvre de David Foenkinos, qu’il enrichit.
Anne Calmat
96 p., 17 €
de Golo Zhao (textes et dessins – Ed. Cambourakis, 2014 (Coup d’oeil dans le rétro)
Une petite ville au bord de la mer. Une petite ville en Chine, à l’écart des séismes politiques qui ont bouleversé cet immense pays.
Des histoires, au nombre de cinq, mettent en scène des personnages dont les ressorts intimes seront dévoilés dans la sixième.
La vie s’écoule doucement, les gens habitent dans des maisons un peu délabrées mais non sans charme, qui n’ont pas plus de trois ou quatre étages. Chacun se conduit comme s’il existait un contrôle implicite, mais l’autorité est invisible.
Une petite fille accompagnée à son insu par un garçon qui lui sauvera la vie sur un passage pour piétons. Une lycéenne passionnée de géographie qui va rester au pays, sans savoir que des chances exceptionnelles s’offraient à elle. Les querelles de deux amis qui ont chacun un appareil photo de prédilection. Des enfants amateurs de bonbons, mais terrifiés par la patronne du bazar. Un garçon incapable, de par sa maladie, de ressentir la douleur physique, révolté par son infirmité et persécuté par ses camarades de classe. Un couple de fiancés d’il y a soixante ans, séparé par des événements déconcertants.
Il y a des sauts dans le temps, des retours en arrière, des personnages élusifs dont l’intervention est déterminante, et aussi des chats, avec leur mystérieux pouvoir de catharsis, qui font évoluer les choses et les gens.
il y a un aspect initiatique dans chaque histoire : les personnages ont un chemin à parcourir, doivent faire des choix et en mesurer les conséquences. Derrière la vie, on s’aperçoit en effet que les actes de chacun sont pris en compte, que des passeurs, un peu anges gardiens, conduisent les âmes – oui, oui, c’est bien d’âmes qu’il s’agit – vers leur devenir.
Les dessins à l’aquarelle de Golo Zhao mettent parfaitement en valeur les ambiances contrastées des différents récits. Ses personnages vêtus de bleu se détachent sur le fond ocre de la ville, qui respire au gré des vents, des orages et même d’un cataclysme.
Et le clin d’oeil d’un gros chat qui n’a qu’une oreille – à moins qu’il ne l’ait couchée sur sa tête…
Jeanne Marcuse
176 p., 22 €
Visuels © Cambourakis