La Mémoire dans les poches (vol. 1 à 3/3)

de Luc Brunschwig (scénario) et Etienne Le Roux (dessin) – Ed. Futuropolis

La Mémoire dans les poches raconte la destruction d’une famille dont les liens se sont tissés sur de fausses bases et un rapport idéalisé entre trois êtres qui croyaient parfaitement se connaître.

Sur la première planche du tome 1, un certain Sidoine Letignal, un jeune enfant dans les bras et un chien collé à ses basques, tente d’acheter une boîte de lait Premier âge et un biberon dans une pharmacie. Face aux questions inquisitrices de la vendeuse, il s’enfuit. On le retrouve un peu plus tard dans le bistrot où il a trouvé refuge. Une jeune mère allaite son bébé, Letignal lui demande si elle verrait un inconvénient à en faire autant pour ”le sien”. Tollé général, l’homme est sommé de s’expliquer.

Didoine raconte alors son histoire – à laquelle se mêlent, pour nous lecteurs, quelques réminiscences de son enfance durant la Seconde Guerre mondiale.

L’histoire du couple qu’il formait il y a encore peu de temps avec sa femme, Rosalie. Un couple exemplaire au service des plus déshérités, admiré de tous, et avant tout de leur fils Laurent, un écrivain en devenir qui a suivi les traces parentales en donnant des cours d’alphabétisation dans un centre socio-culturel…

T. 1

Le septuagénaire explique qu’il n’a pas bronché lorsque Rosalie a refusé catégoriquement d’accueillir chez eux la jeune protégée de Laurent, une réfugiée algérienne sans papiers, enceinte de huit mois, mais qu’il a quitté le domicile conjugal lorsque Malika a été expulsée de France, contrainte d’abandonner l’enfant du déshonneur, conçu hors-mariage en Algérie. ”C’était moi la cause de toute cette chienlit, je me suis dit que c’était peut-être un service à rendre”. Il aurait pu ajouter ”pendant qu’il en était encore temps”.

T. 2

Pourquoi cet homme a-t-il rompu les amarres de façon aussi radicale ? On se dit que sa décision n’est pas sans rapport avec les images en flash-back qui le montrent enfant, du temps où il s’appelait Isaac.

Le second opus se concentre sur Laurent. Son père a disparu depuis trois ans avec le bébé de Malika. Le jeune homme est maintenant un écrivain à succès que l’on invite sur les plateaux de télévision. Un soir, l’occasion lui est offerte de lancer appel à témoins via le petit écran. Le voyage qu’il va par la suite entreprendre pour retrouver le fugitif sera pour lui l’occasion de lever une partie du voile sur ce qui a été tu pendant trop longtemps.

On n’en dira pas beaucoup plus, si ce n’est que cet épisode n° 2 est celui de la vérité si complexe des êtres et des choses : le malentendu sur lequel s’est fondé l’union en apparence idyllique de ses parents, les rancoeurs de sa mère, la pusillanimité de son père, qui n’avait d’autre étai que la cellule familiale.

Le tome 3 revient longuement la quête du fils de Didoine et sur la genèse de son geste. On comprend pourquoi la tentation pour lui de faire taire ses convictions humanistes afin garder la stabilité du lien qui le protégeait des fantômes de son passé, a d’abord prévalue, et pourquoi elle a ensuite été balayée par l’absolue nécessité de venir en aide à la jeune fille.

La fin de ce roman graphique est particulièrement forte. Elle renvoie à ces hommes et ces femmes qui, au soir de leur vie, voient ressurgir des pans entiers de leur jeunesse et s’effacer les souvenirs des années qui ont suivi, réduites bien souvent pour eux à quelques dates griffonnées sur un morceau de papier enfoui dans leurs poches.

T. 3

On ne peut que souscrire au commentaire que fait l’éditeur à propos de ce triptyque intimiste, dont l’ultime épisode vient de sortir en librairie : À la justesse de l’écriture de Luc Brunschwig, répond la sensibilité du dessin d’Étienne Le Roux, pour offrir à cette histoire du quotidien, une lumière et une chaleur qui pourraient être celles de l’humanité.

Anne Calmat

Coffret 3 vol. 49,40 € (depuis le 18 mai) –  80 p., 17 €

T.1 88 p., 16,15 € – T.2 72 p., 18,15 € – T.3 80 p., 17 €

 

 

 

 

Le Travailleur de la nuit

 

Le Travailleur de la nuit de Matz (scénario) et Léonard Chemineau (dessin) – Ed. Rue de Sèvres, avril 2017

Une littérature abondante, des textes autobiographiques (v. plus bas), deux BD, nombre de vidéos et un long métrage ont été consacrés ces dernières années à ce « diable d’homme », dont on ne se lasse jamais de savourer les épisodes d’une vie mise au service de son idéal libertaire. Cet album marque une nouvelle occasion d’en revisiter les étapes principales et d’en savourer les aspects.

Il débute au palais de Justice d’Amiens, le 8 mars 1905.

Accusé Alexandre Marius Jacob découvrez-vous (…) et levez-vous ! Chapeau melon vissé sur la tête, l’oeil goguenard, ledit accusé fait aimablement remarquer au président du tribunal qu’il porte une toque et qu’il est assis. Le ton est donné. Il apparaît clairement que Jacob est ravi qu’une tribune lui soit offerte pour exposer à tous, et avant tout aux journalistes, sa philosophie de l’existence.

On suit ensuite l’itinéraire qui l’a mené jusqu’à ce procès pour cambriolages en réunion: son enfance à Marseille aux côtés d’une mère aimante et d’un père porté sur la boisson ; ses aventures maritimes (d’abord mousse, puis timonier, puis embarqué sur un faux baleinier-vrai bateau de pirates), qui se solderont par un premier procès pour désertion à l’âge de treize ans.  Des expériences qui m’ouvriront les yeux sur le monde tel qu’il est et non tel qu’on l’imagine, écrira-t-il plus tard. Viennent ensuite son immersion au sein des mouvements anarchistes marseillais, son adhésion indéfectible à leurs idéaux, puis ses démêlés avec la justice en raison de ses fréquentations et de son passé judiciaire. Harcelé, empêché de travailler, il choisit le mode de subsistance qui lui paraît le mieux adapté à ses convictions, avec cependant des règles intangibles: détrousser les exploiteurs et les parasites (ecclésiastiques, juges, militaires, rentiers…), épargner ceux qui travaillent (médecins, écrivains, professeurs, commerçants, même s’ils sont riches). Lui et quelques amis se mettent alors au travail. Horaires des Chemins de fer français et boîte à outils à la main, les rois de la pince-monseigneur et du passe-partout, que l’on ne tardera pas à surnommer « les Travailleurs de la nuit », n’ont plus qu’à dénicher leurs victimes, qui au fil du temps vont se compter par centaines. Qu’ils opèrent de jour ou de nuit, leurs exploits les conduiront à plusieurs reprises devant les tribunaux… Avec, pour le lecteur de l’album, la découverte de plusieurs épisodes savoureux. Comme par exemple celui où, fidèle à ses principes, Jacob part sans rien dérober lorsqu’il s’aperçoit qu’il s »est introduit dans le domicile de l’écrivain Pierre Loti. Il lui laisse même un billet de 20 francs en dédommagement du carreau qu’il a dû casser pour pénétrer chez lui. Ou encore ce morceau d’anthologie qui montre l’illégaliste et deux de ses complices, déguisés en agents de police, se faire remettre par le directeur du Mont-de-piété de Marseille la totalité du contenu de ses coffres.

La troisième partie de l’album se concentre sur ses dix-huit années de bagne, d’abord à Saint-Martin-de-Ré, puis à Cayenne, que l’on surnommait « la guillotine sèche », tant les conditions de vie y étaient dures, et la mort certaine.

On aurait aimé que l’auteur mette plus l’accent sur le rôle essentiel que médecin des lieux, le docteur Rousseau, a joué dès 1920 dans la vie du matricule 34777, mais c’est peu de choses comparé à tout ce qui nous attend à la lecture de ce « biopic » tout en bulles et en dessins.

On reste une fois encore fasciné par cet homme éminemment romanesque, ce feu follet resté libre et fidèle à la cause libertaire jusqu’à la fin de sa vie, qu’il a quittée quand bon lui a semblé, dans la célébration et le partage, pour rejoindre les deux femmes de sa vie. 

Anne Calmat

128 p., 18 €

À retrouver également dans la rubrique « On a aimé » :

 

Alexandre Jacob – Ed. Sarbacane, janv. 2016

160 p., 22,50 €

(1) Souvenirs d’un révolté & Pourquoi j’ai cambriolé (article cf. Germinal, 1905).

www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob

Alexandre Marius Jacob 1879-1954

 » Le droit de vie ne se mandie pas, il se prend. » A.M. Jacob

Le conflit Israélo-palestinien – Deux peuples condamnés à cohabiter

Coll. « La petite bédéthèque des savoirs » T. 18

de Vladimir Grigorieff (scénario) et Abdel de Bruxelles (dessin)) – Ed. Le Lombard

Alors même qu’une petite lueur se fait jour dans l’interminable conflit israélo-palestinien, l’impression majeure qui s’en dégage est celle d’un gâchis dont les enjeux sont à ce point intriqués que l’on en vient à douter qu’un fil rouge puisse être tiré pour déboucher sur un compromis raisonnable et une paix qui préserve aux deux parties leur dignité.

Pourtant, deux jeunes gens, dont l’objectif est de réaliser une BD, vont trouver Vladimir Grigorieff, un philosophe, auteur d’ouvrages de vulgarisation sur les religions du Moyen-Orient. Ils lui demandent l’impossible: résumer brièvement, de manière digeste et non partisane le conflit israélo-palestinien, de manière à inviter le lecteur à la réflexion.

Celui-ci relève le défi et brosse à grands traits une longue histoire qui commence en Palestine sous l’empire Ottoman. Là, dans les villes saintes d’Hébron, Jérusalem, Safed et Tibériade, vivaient de petites communautés juives, sans projet politique, espérant que le peuple élu retrouve sa terre d’Israel. 

Un autre petit groupe de juifs tsaristes, athées, anticapitalistes, opposés à la dispersion du peuple juif, font eux le projet du sionisme politique, le retour au pays dans une colonie de re-peuplement.

Un rêve religieux peut-il devenir un rêve politique ? Et quel prix pour la morale ?

Vladimir Grigorieff nous propose une longue démonstration didactique mettant en évidence la complexité des causes, la diversité des acteurs, éclairant tour à tour chacun des points de vue, citant les grands noms de chaque camp, pointant les moments clefs. Cela ne se fait pas sans marquer les traces mythiques que tissent autour Jérusalem les trois grandes religions. Et bien sûr, nous voyons émerger les responsabilités d’un empire colonialiste, la Grande-Bretagne, et les conséquences d’un édit, celui de Balfour, et de l’invraisemblable génocide de la seconde guerre mondiale.

Les guerres succèdent aux guerres, les résolutions de l’ONU sont aussi nombreuses qu’impuissantes, l’implication des « grands », URSS, USA, et les moyens de pression (entre autre le pétrole) font alterner espoirs et déceptions. Et toujours en filigrane est posée la question: qu’en est-il du bien, qu’en est-il du mal, le bien peut-il devenir le mal et le mal se muer en bien ?

L’intérêt de cette fresque dépasse son sujet. Ce qui nous est donné à voir, c’est la complexité d’un processus qui se met progressivement en place et dans lequel on croit retrouver cette maxime d’Engels : Ce que veulent les uns est contrarié par ce que veulent les autres, et ce qui arrive est ce que personne n’a voulu.

Evidemment notre attention est sollicitée, mais pour alléger la démonstration rigoureuse du philosophe, la représentation graphique prend une grande liberté avec les dessins, les couleurs, la narration. L’espoir mis dans la dernière planche est peut-être utopique, il n’empêche, c’est un beau point de conclusion.

Nicole Cortesi-Grou

104 p., 10€

Madgermanes (audio)

En partenariat avec Act’heure sur FPP 106.3 FM

 

de Birgit Weihe (scénario et dessin) – Traduction Elisabeth Willenz – Ed. Cambourakis, avril 2017

Chronique (6’02) Juliette Poullot, librairie Les Buveurs d’Encre Paris 19e
240 p., 24 €

 

Act’heure, chaque mardi de 15h30 à 16h sur Fréquence Paris Plurielle

Sur le même thème:

 

Au pays des lève-tôt de Paula Bullin (scénario et dessin) Ed. L’Agrume, juillet 2014
128 p., 18 €

L’Araignée de Mashhad

de Mana Neyestani (texte et dessin) – Ed. çà et là / Arte Editions. Traduit du persan par Massoumeh Lahidji.

En librairie le 12 mai 2017

« Ces femmes valent moins que des bêtes. » C’est parce qu’il se sent investi d’une mission de purification de sa ville que Saïd Hanaï, humble maçon sans histoires, assassine seize prostituées, entre 2000 et 2001.

L’histoire se passe à Mashhad, deuxième ville d’Iran et haut-lieu du chiisme. Le dessinateur et illustrateur iranien Mana Neyestani (qui vit exilé à Paris) s’est inspiré, pour la raconter en images, d’un documentaire réalisé à l’époque par deux journalistes iraniens (eux-mêmes exilés par la suite). 

Le récit suit l’entretien filmé par les journalistes avec le tueur en série, surnommé « L’araignée de Mashhad ». Tout en multipliant les éclairages, il donne la parole à sa femme, à son fils, au juge qui l’a arrêté, à la fille d’une des victimes, etc. Chacun apporte son point de vue à une affaire criminelle qui révèle les ambiguïtés d’un pays converti à la religion d’Etat vingt ans plus tôt, mais embourbé dans des guerres (Saïd Hanaï est un vétéran traumatisé de la guerre Iran-Irak des années 1980) et une crise sociale qui culmine dans cette région où l’opium, venu d’Afghanistan, fait des ravages. Et où la prostitution se développe sur le terreau des inégalités et de l’injustice sociale.

Alors, Saïd est-il un assassin ou un héros ? Ce roman graphique révèle, de manière cruelle, les petites hypocrisies d’une société coincée entre les devoirs moraux imposés par la religion et la réalité des êtres humains.

Franck Podguszer

164 p., 18 €

L’auteur:

Copyright « Cartooning for peace ».

Né à Téhéran en 1973, Mana Neyestani a une formation d’architecte, mais il a commencé sa carrière en 1990 en tant que dessinateur et illustrateur pour de nombreux magazines culturels, littéraires, économiques et politiques. Il devient illustrateur de presse à la faveur de la montée en puissance des journaux réformateurs iraniens en 1999.
 En 2000, il publie son premier livre en Iran, Kaaboos (Cauchemar), qui sera suivi de Ghost House (2001) et M. Ka’s Love Puzzle (2004). Catalogué comme dessinateur politique, Neyestani est ensuite contraint de faire des illustrations pour enfants. Celle qu’il a réalisée en 2006 a conduit à son emprisonnement et à sa fuite du pays. Entre 2007 et 2010, il vit en exil en Malaisie, en faisant des illustrations pour des sites dissidents iraniens dans le monde entier.

Dans la foulée de l’élection frauduleuse de 2009, son travail est devenu une icône de la défiance du peuple iranien. Il publie en France le récit de son emprisonnement et de sa fuite d’Iran, intitulé Une Métamorphose Iranienne (çà et là / Arte, 2012). Puis en 2013, Tout va Bien !, un recueil de dessins de presse.  En 2015, son Petit manuel du parfait réfugié politique  paraît aux Ed. çà et là / Arte.

Mana Neyestani a remporté de nombreux prix iraniens et internationaux, et plus récemment, le Prix du Courage 2010 du CRNI (Cartoonists Rights Network International ).

Membre de l’association Cartooning for Peace, il a reçu le Prix international du dessin de presse, le 3 mai 2012, des mains de Kofi Annan et le Prix Alsacien de l’engagement démocratique en 2015.
Mana Neyestani vit à Paris avec sa femme depuis 2011.

Geisha ou le jeu du shamisen T. 1 et 2

T. 1

de Christian Perrissin (scénario) et Christian Durieux (dessin) – Ed. Futuropolis, avril 2017 

Chronique audio (4’11) Juliette Poullot, librairie Les Buveurs d’Encre, Paris 19e

Également diffusée dans l’émission Act’heure sur FPP 106.3

T. 1
T. 2

Geisha ou le jeu du shamisen de Christian Perrissin (scénario) et Christian Durieux (dessin) – Ed. Futuropolis – En librairie le 12 avril 2018«

Avril 2018, le jeu du shamisen s’achève.

À 18 ans, Setsuko Tsuda est devenue une geisha, son apprentissage terminé. Elle a surtout perfectionné son jeu du shamisen, cette guitare à trois cordes qui accompagne le chant des geishas et dont la mélopée peut s’avérer des plus envoûtantes quand on en joue divinement. Mais pour le moment, c’est à la montagne qu’elle exerce son art. Elle accompagne Okaa-san, la geisha qui l’a formée, gravement malade et contagieuse, qui tente de se remettre de son mal. Loin de l’okiya, Setsuko fait le point sur sa jeune existence. Car elle traverse une mauvaise passe depuis quelque temps. Elle ne progresse plus au shamisen, les clients la trouvent distante et elle a moins d’engagement. Est-elle déjà lasse de son métier ?

T. 2

À l’auberge où elle réside, elle rencontre Shuji Ariyoshi, étudiant en littérature française à Tokyo, qui veut devenir écrivain. Sa fantaisie et sa joie de vivre la fascinent…

88 p., 18 €

T. 2

© Futuropolis

 

 

 

 

 

La longue marche des éléphants

En librairie le 18 mai (communiqué de presse).

Récit en deux parties de Nicolas Dumontheuil et Troubs (textes et dessins) – Ed. Futuropolis.

Préface et dossier Sébastien Duffillot, directeur du Centre de conservation de l’Éléphant (Laos).

(Extrait)  » En novembre et décembre 2015, le Centre de conservation de l’éléphant du Laos organise une caravane d’éléphants qui parcourt 500 kilomètres à travers les provinces de Sayaboury et Luang Prabang (v. carte ci-dessous). Elle s’achève le 9 décembre à l’occasion des célébrations du 20e anniversaire du classement de la ville au patrimoine mondial de l’UNESCO. Alors que grand public et officiels sont réunis pour saluer la conservation du patrimoine culturel de la ville, la caravane des éléphants s’invite à la fête pour tenter d’attirer l’attention sur la nécessité de protéger également le patrimoine naturel du Laos ; la biodiversité et l’éléphant en particulier, y sont gravement menacés. « 

L’éléphant, devenu l’emblème du pays, pourrait en effet n’être bientôt plus qu’une créature mythique puisque, avec seulement deux naissances pour dix décès, l’éléphant d’Asie est sérieusement menacé de disparaître. Créé en 2011 par une équipe de spécialistes, le Centre travaille à son bien-être, à sa reproduction, aux soins vétérinaires et la formation des cornacs.

Dessinateurs-voyageurs, Nicolas Dumontheuil et Troubs ont suivi cette étrange procession. Chacun raconte cette marche militante où l’homme et l’animal vont d’un même rythme, d’un même pas, en symbiose.

Deux récits complémentaires pour un voyage rare, qui dit un monde étiolé, une terre fragile d’un pays pourtant magnifique. Un pays pauvre aussi, où l’Homme court d’abord à sa survie. Mais au-delà des seules frontières du Laos, il s’agit de la pérennité des espèces vivantes, en marche depuis des milliers d’années.

Au talent de Dumontheuil qui sait camper des personnages hauts en couleurs et révéler le burlesque de cet étrange cheminement de l’homme et la bête, répond celui de Troubs, dont la poésie et la fraîcheur du dessin prouvent toute la majesté de l’énorme animal.

88 p., 18 € 

Nicolas Dumontheuil   Quelques titres récents :

2009 – Le Landais volant (3 tomes parus) – Ed. Futuropolis

2013 – La Colonne, 2 tomes parus, avec Christophe Dabitch – Ed. Futuropolis

2016 – La Forêt des renards pendus, d’après le roman d’Arto Paasilinna – Ed. Futuropolis (v. « On a aimé », août 2016 ).

Troubs  Quelques titres récents :

2011 – Rupestres, ouvrage collectif sous la direction de David Prudhomme, avec Etienne Davodeau, Pascal Rabaté, Emmanuel Guibert et Marc-Antoine Mathieu

2011- Viva la vida, avec Edmond Baudouin – Ed. L’Association

2012 : Capitale: Vientiane, avec Kristof Guez et Marc Pichelin – Ed. Les Requins Marteaux

2013 : Le Goût de la terre, avec Edmond Baudouin – Ed. L’Association

2014 : Va’a, une saison aux Tuamotu, avec Benjamin Flao – Ed. Futuropolis

2015 : Sables noirs, 20 semaines au Turkménistan – Ed. Futuropolis

À lire également : (« On a aimé », janv. 2017) 

Un million d’éléphants de Jean-Luc Cornette (récit) et Vanyda (dessin) – Ed. Futuropolis 

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160 p., 20 €