EXPO IZABELA OZIEBLOWSKA – CONCEPT STORE GALLERY – LA BAULE

Rappel : Après une expo en décembre à Paris, on peut désormais retrouver Izabela Ozieblowska à La Baule

Vitraux d’Art Ozieblowscy, 21340 Nolay

Depuis le mois d’avril 2016, Izabela Ozieblowska élabore ses créations dans un atelier niché au cœur d’un village médiéval des Hautes-Côtes de Beaune, dont l’architecture n’a pu que l’inspirer. Elle nous a ouvert ses portes et livré quelque-uns de ses secrets…

Autoportrait© I.O.

Izabela est maître-verrier, ou si l’on préfère, vitrailliste, bien que ce vocable nous semble passablement dissonant pour désigner un art aussi subtil. Elle a acquis ses compétences et son savoir-faire durant ses treize années d’études d’Histoire de l’Art en Pologne, à l’Université Jagellon à Cracovie, à l’Académie des Beaux-Arts de Katowice et à l’Académie des Beaux-Arts, département peinture, de Wroclaw. C’est également à Wroclaw qu’elle s’est tournée vers l’art du vitrail, avec pour guide le très distingué professeur Ryszard Wieckowski, qui disait d’elle « qu’elle était l’une des trois meilleures de Pologne. »

En 2016, elle s’installe avec son époux à Nolay, où ils créent LEUR atelier. « Nous travaillons ensemble depuis 25 ans. Je m’occupe de l’aspect artistique de chaque projet, et lui de la partie technique.« 

L’exposition

« Je présenterai deux vitraux abstraits et trois figuratifs »

© I.O.

« Les trois vitraux ont la même taille (53×63 cm) et la même source d’inspiration : le Visage. Le même pour chaque œuvre. Je voulais montrer combien chaque visage peut sembler différent en fonction de l’environnement, de l’époque et du contexte. Il exprime en tout cas une personnalité et une conscience. Cette représentation, qui date du 19ème siècle, s’intègre parfaitement dans le présent, la beauté du personnage est universelle et intemporelle. »

Le vitrail central a une histoire particulière.

« En 2020, j’ai participé à un concours régional organisé par l’Atelier d’Art de France dans la catégorie « Patrimoine« . J’ai présenté ce vitrail, il a été sélectionné pour l’exposition au Salon du patrimoine culturel, au Carrousel du Louvre. Malheureusement, en raison de la Covid et du confinement, tout a été annulé.

© I.O.
© I.O.

« Dame Nature m’a ensuite inspiré les deux vitraux abstraits ci-contre. Ils seront également exposés à la Concept Store Gallery. Nous avons d’une part une ébauche de mur avec des efflorescences de sel, et de l’autre, la lave. Pour moi, l’abstraction est un jeu de couleurs. Je m’inspire d’un fragment de nature, je prends des photos, puis ensuite, j’imagine d’autres univers à partir de l’original, modifiant ainsi son image initiale. Je travaille ensuite selon la technique des poudres de verre. »

Comment Izabela procède-t-elle pour chaque création ?

« Créer un vitrail requiert, on l’a compris, un processus très long qui comprend plusieurs interventions et fait appel à différentes techniques. En ce qui me concerne, je prépare un dessin-projet qui doit correspondre à l’espace dans lequel il prendra placeOn sait par ailleurs combien le symbolisme de la lumière traversant la matière a eu d’importance dans la pensée médiévale, à l’époque où l’art du vitrail prenait son essor. Chaque vitrail doit être conçu minutieusement, étape après étape : motif, forme, couleurs, dessin… »

Le vitrail n’est pas le seul mode d’expression d’Izabela, elle excelle également dans la gravure, la sérigraphie, la méthode « Tiffany » (procédé de montage à l’aide d’un ruban de cuivre), ou dans des techniques plus modernes comme le « fusing » (assemblage du verre par fusionnement) ou bien la poudre de verre qui, conjuguée au fusing, donne au vitrail des couleurs remarquables, mais aussi, un effet sculptural qui le rend encore plus exceptionnel. « J’adore ce procédé, les poudres produisent des effets visuels étonnants, des couleurs très lumineuses et permettent une totale liberté de création. Les vitraux réalisés selon cette technique sont uniques, contrairement à un vitrail peint traditionnel qui peut être reproduit. J’aime beaucoup faire des expériences, jouer sur la profondeur, mélanger les techniques pour obtenir le résultat final que je recherche. »

© I.O

Qu’ils soient classiques, sacrés ou modernes, les vitraux qui sortent de son atelier sont réalisés « dans le respect des techniques traditionnelles qui remontent au Moyen Âge« , tient-elle à préciser.

De la diversité des sources d’inspiration d’Izabela Ozieblowska (vitraux hors expo)…

© I.O. Restauration dans la chapelle de Wolczyn
© I.O. Pour le monastère des Pères Pauliniens de Jasna Gora a Czestochowa
© I.O.
© I.O.
Pour les budgets modestes (- de 15 €) )© I.O.

Propos recueillis par Anne Calmat

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Maxiplotte – Julie Doucet – Ed. L’Association (Anthologie)

Où l’on (re)découvre les comix hors normes de la québécoise Julie Doucet, publiés pour la plupart dans la série Dirty Plotte (1991-1998), souvent autobiographiques, et dont l’insolence à tous crins continue de séduire… ou plus rarement, de choquer.

Depuis le 20 novembre 2021 – Copyright J. Doucet / L’Association – 400 p., 35 € (Adultes et adolescents)
Dirty Plotte 1/14

Il n’est pas rare qu’un auteur ou une autrice de bandes dessinées, ayant officiellement cessé d’en faire vingt ans auparavant, continue d’exercer une réelle fascination sur les bédéistes. Cela devient plus rare lorsqu’il s’agit d’une autrice underground. C’est le cas de l’irrévérencieuse et reine de la provocation, Julie Doucet. Active entre 1987 et 1999, à une époque où les dessinatrices n’étaient pas légion, surtout à se situer sur le terrain de l’esthétique trash. Avec elle tout y passe : cycle menstruel, masturbation, changement de sexe, serpent à pipe, etc.

La conception éditoriale et graphique de Maxiplotte a été réalisée par Jean-Christophe Menu, premier éditeur de Julie Doucet en France et co-fondateur de L’Association, en étroite collaboration avec l’autrice québécoise. Véritable panorama de l’évolution de son travail, Maxiplotte rassemble des travaux réalisés au cours de ses douze années d’activité d’autrice de bande dessinée. S’y déploie une œuvre à la fois subversive, féministe et fantaisiste. Julie Doucet évoque crûment et avec humour la vie du corps – des règles au désir sexuel en passant par les crottes de nez, les stéréotypes de genre, ses expériences de jeune femme, sans oublier sa vie onirique qu’elle relate abondamment. En noir et blanc, les récits s’épanouissent au fil de cases aux décors minutieusement élaborés, peuplées de personnages aussi insolites qu’attachants.

Julie Doucet

Julie Doucet est certainement l’auteure québécoise de BD la plus connue du monde. Ses bandes sont publiées en anglais, en français, en allemand, en finlandais et en espagnol. De plus, ses planches originales ont été exposées dans plusieurs villes tant au Canada qu’aux États-Unis, en France et au Portugal. Née à Saint-Lambert le 31 décembre 1965, Julie Doucet étudie en arts plastiques au cégep du Vieux-Montréal au début des années 1980. C’est dans cet établissement, à la faveur d’un cours sur la bande dessinée, qu’elle commence à s’intéresser à cette forme d’art. Doucet obtient son diplôme d’études collégiales, puis s’inscrit à l’Université du Québec à Montréal où elle étudie les arts d’impression et les arts plastiques. À cette époque, Yves Millet publie la revue Tchiize! (bis) (sept numéros de 1985 à 1988), une des seules revues à ne pas être exclusivement consacrée à la bande dessinée d’humour. Julie Doucet fait paraître une première histoire courte dans le deuxième numéro et récidive dans les numéros suivants. Entre 1988 et 1990, elle collabore aux deux numéros de L’Organe (qui devient Mac Tin Tac en 1990) ainsi qu’à Rectangle, revue de rock francophone et de BD. Ces deux revues marquent l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes montréalais underground dont font partie Doucet, Henriette Valium, Al+Flag, Marc Tessier, Alexandre Lafleur, Simon Bossé, Luc Giard, Siris, Jean-Pierrre Chansigaud, R. Suicide, etc. En septembre 1988, Julie Doucet fait le grand saut et crée son propre fanzine, Dirty Plotte, de format variable (et au titre tout aussi variable : Dirty Plotte Diet, Mini Plotte, Dead Plotte) qui paraît jusqu’en juin 1990 (quatorze numéros). C’est dans ces pages que Doucet met au point son style personnel de narration. Elle y entretient les lecteurs de ses fantasmes (réels ou inventés) et de ses angoisses, mais aussi de ses rêves, qu’elle note dans un journal personnel.

La conférence, d’après une nouvelle de Kafka – Mahi Grand – Ed. Dargaud

En librairie le 21 janvier 2022 – Mahi Grand / Dargaud – 128 p., 19,99 €

Un appartement bourgeois, boiseries, masques africains accrochés au mur. Un homme à son bureau. Il écrit le discours qu’il s’apprête à faire devant les membres de l’Académie des Sciences pour raconter son expérience, celle de sa fabuleuse métamorphose : en cinq années, il est passé de sa condition de singe à celle d’humain, jusqu’à en perdre une bonne partie de son apparence simiesque.

Avec en toile de fond : la colonisation, la lutte pour la survie de ceux qui ont été privés de liberté, leur exhibition aux regards des curieux.

Le voilà maintenant devant un parterre de « vieilles barbes ». Il se raconte et nous raconte comment il a été capturé en Afrique, puis envoyé en Europe au fond de la cale d’un navire. Le singe qu’il était a compris que sa seule issue pour échapper à l’enfermement était de renoncer à sa nature d’origine et de s’adapter au monde des humains. La condition de sa survie : courber l’échine, consentir à tout et observer l’homme pour mieux l’imiter, le singer jusqu’aux moindres de ses défauts… Mais peut-on se défaire de soi pour devenir un autre ?

Superbe, tant par ce que dit l’histoire, que par le dessin.

Anne Calmat

Mahi Grand se forme au dessin aux ateliers Met de Penninghen puis s’oriente vers la scénographie aux Arts Décoratifs à Paris. Depuis il conçoit des décors pour le théâtre, le cinéma, et la danse, peint et sculpte.