C’est au travers du personnage d’Alice, revu et corrigé au fil du temps par une flopée d’illustrateurs, que nous aborderons l’été 2018.
Avec successivement Alice au pays des comics (le 21 juin), Alice au pays des merveilles (le 28 juin) et De l’autre côté du miroir (le 5 juillet).

Dans Alice au pays des comics, quinze visions (Walt Kelly, Jerry Sieglel, Warren Kremer, etc.) et autant de styles graphiques, l’ont illustrée dans le courant des années 1940-1950: du noir et blanc, des couleurs criardes, de la sobriété, de l’exubérance, avec en toile de fond une certaine vision de la société victorienne du 19e siècle.
D’autres signatures présentes dans l’album, datant également de la même période, ne laisseront pas un souvenir impérissable aux lecteurs de cette anthologie conçue à l’occasion des 150 ans de celle qui, dans la vraie vie, se nommait Alice Liddell… et était peut-être devenue une vieille dame indigne… Mais ceci est une autre histoire…

Alice est à la fois l’archétype de la petite fille modèle et une projection idéalisée de ce que son créateur, timide, bègue et replié sur lui-même, aurait voulu être. Une Alice, certes en inadéquation permanente avec le monde qui l’entoure – tantôt naine, tantôt géante, mais toujours prompte à imposer son esprit frondeur et à transgresser les règles sociales de bienséance qui lui ont été inculquées.
Ses aventures semblent dans cet album plus audacieuses que dans l’œuvre initiale, bien qu’elles l’étaient en réalité plus qu’il n’y paraissait lorsque le révérend Charles Lutwidge Dodgson, alias Lewis Carroll, professeur de mathématiques à Oxford, écrivit en 1865 ce récit pour enfants, dans lequel s’exprime, parfois en filigrane, la vision plutôt noire qu’il avait de ce pays prétendument merveilleux
On quitte ici encore plus souvent qu’à l’accoutumée le pays des merveilles pour s’enfoncer dans celui des embrouilles (avec George Carlson), des cauchemars (avec Alex Toth et Charles Schulz), ou bien, comme dans cet épisode que Stephen Kirkle a intitulé De l’autre côté du miroir, dans celui de l’effroi. Il introduit ainsi sa propre version d’Alice: Bienvenue cher lecteur dans ma bibliothèque de contes « défaits ». Aujourd’hui je vous propose un petit moment de « litterreur » qui ne manquera de vous glacer le sang et de vous retourner le cerveau à la vue de l’horreur la plus démentielle.
Son héroïne est manifestement dans de sales draps… Provisoirement.
À suivre.
A.C.
192 p., 29 €