Jack London – Nam-bok – Thierry Martin

Nam-bok d’après la nouvelle de Jack London, Nam-bok le hâbleur – Adaptation et dessin Thierry Martin – Ed. Futuropolis

Un paysage d’hiver dans le Grand Nord canadien, un renard qui cherche sa nourriture, un renne qui semble attendre que son vieil ami Noël lui fasse signe… Deux hommes en observent un troisième. Il s’approche du rivage. Sa mère l’a reconnu de loin. Ce n’est pas la première fois, elle l’attend depuis si longtemps ! Mais cette fois est la bonne, Nam-Bok que l’on croyait mort est de retour.

Stupeur et incrédulité parmi les siens.  » Aucun ne peut affronter le vent qui souffle vers le large et revenir après de si longues années. (…) Peut-être que tu es une ombre, l’ombre errante de celui qui a été Nam-Bok « . Il faut pourtant se rendre à l’évidence, Nam-Bok est là, devant eux, les bras chargés de cadeaux, et en pleine forme.

Le soir, tout le village se réunit autour du revenant. Il raconte la dérive de son embarcation vers le large alors qu’il chassait le phoque, sa bataille contre les éléments, puis sa rencontre avec une immense goélette qui n’avait pas besoin de pagaies pour avancer puisque sa voilure lui servait d’ailes. Ha ! Ha ! s’esclaffe-t-on. Qui de surcroît pourrait croire celui qui prétend avoir vu le soleil descendre du ciel et disparaître dans la mer ? Mais lorsqu’il en vient au périple qui l’a conduit jusqu’au bout du monde et qu’il affirme avoir voyagé sur  » un monstre, grand comme mille baleines, qui vomissait de la fumée et poussait de prodigieux ronflements « , et comment il est arrivé à un village, «  où les toits des maisons montaient jusqu’aux étoiles « , c’en est fini de lui, il a perdu toute crédibilité auprès du plus grand nombre. Loin d’avoir amorcé un rapprochement entre tradition et modernité, ses descriptions ont provoqué l’effroi.

Dès lors, que faire de celui dont les propos sont perçus comme une offense à la raison, sinon le renvoyer d’où il vient ?

Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté, cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

Une très belle adaptation de la nouvelle de Jack London, servie au plus juste par le graphisme tout en simplicité de Thierry Martin.

Anne Calmat

104 p., 18 €