

Le Chat Muche d’Yves Velan – Illustrations Statys Eidrigevicius. À partir de 6 ans.
Chacun a son point de vue sur la morale. Voici celui de l’auteur de cette histoire extravagante… et pas si morale de ça.
La morale est un sac de cailloux qu’on porte sur son estomac.
Bien sûr, on ne peut pas le voir mais on le sent.
Il vous entraîne à faire certaines choses et vous retient d’en faire d’autres.
Chez certaines personnes, il est léger et elles font presque tout ce qui leur passe par la tête ; alors ont dit qu’elle ont peu de morale ;
chez d’autres, il est lourd et elles n’osent faire presque rien ;
ces personnes-là ont énormément de morale.
Muche fait grise mine. Son maître ne lui a-t-il pas reproché de trop manger ? Il a même déclaré qu’avec ce qu’il dévore, on pourrait nourrir dix Indiens. Le poids de la morale est si lourd à porter que Muche en a perdu l’appétit.

Du coup, il veut en savoir plus sur ceux à qui il a, bien malgré lui, ôté le chapati de la bouche. Il apprend ainsi que les yogi s’alimentent peu, qu’ils sont capables de léviter, de voir l’Invisible, et qu’ils peuvent sortir dans la neige enveloppés d’un drap mouillé, rester trois jours dehors sans manger, puis rentrer au bercail aussi frais qu’un gardon. Et qui plus est, avec le drap totalement sec. Le temps passe, Muche fait des rencontres insolites…


Un soir, Babette affirme à son père l’avoir vu flotter dans la cuisine. Une autre fois, on voit Muche sortir en trombe de la maison, trempé comme une souche, avant de disparaître pendant trois jours.
Dès lors, comment après avoir lu ce récit loufoque et doucement anthropomorphique, continuer à voir son chat du même œil ?

Il y a en tout cas fort à parier que pour lui, le sac de cailloux s’est considérablement allégé.

Anne Calmat
36 p. 14, 90


Les Mécanos de Max Saladigras (scénario et dessin) – À partir de 6 ans.
L’album raconte les aventures de Timothée et Théotim, deux jeunes inventeurs devenus à ce point célèbres que la reine d’une contrée très très lointaine, qu’on appelle la planète aux 5 lunes, les convoque et les charge de construire cinq capteurs d’énergie destinés à alimenter tout le royaume.


Les voilà qui galopent par monts et par vaux à la recherche des meilleurs emplacements. Un… deux…trois… quatre… Le temps pour Théotim de s’amouracher d’une jeune vendeuse de boissons, et le cinquième est trouvé. Il ne leur reste plus qu’à attendre que les cinq lunes soient alignées pour que la lumière soit.

Eh bien non, elle ne sera pas, car en réalité, le projet de la reine visait plus son enrichissement personnel que le bien de son peuple. Tiens donc… Mais si elle croit s’être débarrassée des témoins de sa cupidité en les jetant dans un cachot, elle se met le doigt dans l’œil !
Ici, les parents ne seront pas à être mis à contribution puisque, hormis les trois ou quatre informations du début, destinées à introduire l’action, les jeunes lecteurs auront, grâce à la puissance évocatrice des illustrations de Max Saladrigas, tout le loisir d’imaginer ce qu’il se passe, ce que se disent ou pensent les héros, qui des deux est le plus téméraire, etc.
Rafraîchissant, poétique et plein d’humour.
A. C.
40 p., 10,90 €