Coup d’œil dans le rétro

Après son bouleversant Couleur de peau : miel et le film d’animation qui a suivi, Jung nous offrait en octobre 2015 ce roman graphique – en partie autobiographique – ayant pour thèmes la quête des origines, les secrets de famille, la mort, la renaissance, la résilience.
Ici, plusieurs destins s’entrelacent pour former un tout. Celui d’abord de la narratrice, Jennifer, dont le père, un marine américain, serait mort en Corée du Sud peu avant sa naissance. Une chape de plomb s’est alors abattue sur les circonstances qui ont entouré sa disparition. N’en pouvant plus et se sentant souvent en terrain hostile, la jeune fille s’est rendue à Séoul dans l’espoir de découvrir la vérité. Elle y vit depuis six ans au moment où débute cette histoire. On y découvre ensuite le destin du petit Kim, cinq ans, que ses parents adoptifs, Aron et Helen, sont venus chercher à l’orphelinat américain de Séoul. C’est Jennifer qui leur a remis l’enfant. Aron est dessinateur de BD.

L’arrivée de ce petit être solaire « habité par une âme très ancienne » marquera à tout jamais leur vie, ainsi que celle de Chelsea, sa demi-sœur, et de l’oncle Doug.
 cette histoire intimiste, vient se greffer celle de la guerre fratricide que se sont livrées les deux Corées au début des années 50, avec en toile de fond, le régime terrifiant du dictateur Kim Il Sung et le sort qui était réservé à ceux qui tentaient de le fuir. Le personnage de San-Ho, passé du Nord au Sud après dix-huit ans de captivité dans un camp de discipline, en est la parfaite illustration.
En prélude à chacun des vingt-et-un chapitres qui composent cet album, le fabuleux oiseau, posté en sentinelle, semble être une promesse de renaissance pour ceux que la vie a détruits.

Cet album reste en tous points une merveille à (re)découvrir.
Anne Calmat
320 p., 19,99€