- Octobre
Saison brune de Philippe Squarzoni (scénario et dessin) – Ed. Delcourt, 477 p., 29,95 €
À l’heure où la COP 21 devient imminente, il nous a paru pertinent de présenter cette « Saison brune » (parue en 2012) qui est en parfaite adéquation avec la manifestation qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. Avec Philippe Squarzoni, le pavé n’est jamais loin de la mare. Au sens propre comme au figuré. Témoin, ce pavé de 477 pages qui nous rappelle Le compte à rebours est lancé et notre crédit de temps est limité, il est déjà trop tard pour faire marche arrière. », écrit-il. Le titre de l’album fait du reste référence à cette cinquième saison qualifiée de « brune » dans le Montana, période d’indécision entre l’hiver et le printemps.
Pour cela, l’auteur, grand zélateur de la bande dessinée d’intervention politique devant l’Eternel, a fait appel de nombreux spécialistes, qu’il met en scène dans son récit : des climatologues, un physicien nucléaire, une spécialiste en gestion de l’environnement, des économistes, un journaliste.
Les deux premiers chapitres sont consacrés aux aspects scientifiques du réchauffement de la terre: fonctionnement du climat, augmentation des gaz à effet de serre, risques encourus, expertise menée par le GIC et par les participants au mouvement altermondialiste ATTAC, etc. Puis Philippe Squarzoni se livre à un recensement de leurs conséquences – nul besoin de les énumérer, elles s’étalent chaque jour sous nos yeux – et de leurs remèdes possibles. Que faire, quand tout ce qui est en cause est fondamentalement lié au fonctionnement même de nos sociétés ? Par quoi, par où commencer ? Quelle peut être notre action niveau individuel ?
Il analyse les différents scénarios énergétiques qui s’offrent à nous, puis élargit son questionnement à d’autres dysfonctionnements notoires. Il met en garde et examine les modèles de sociétés qui permettront de limiter les dégâts.
À l’instar de ses précédents albums*, Philippe Squarzoni trouve la bonnes distance entre didactisme à tout crin et vie au quotidien. Il émaille son récit de références cinématographiques (Kurosawa, John Ford…), de croquis sur le vif, de graphiques, de saynètes. Le tout rythme, diversifie et fluidifie un scénario particulièrement foisonnant, à défaut d’être réconfortant.
A. C.
*Aux Ed. Delcourt : « Dol », « Garduno, en temps de paix », « Zapatta, en temps de guerre », « Torture blanche »
To-day.