d’après le roman de Dennis Lehane, scénario et dessin Christian De Metter. – Ed. Rivages/Casterman/Noir, 128 p., 19€
Les marshals fédéraux, Teddy Daniels et Chuck Aule, ont été chargés d’enquêter sur la disparition d’une femme dans l’hôpital psychiatrique de Shutter Island, où sont internés des délinquants particulièrement dangereux.
Dès l’abord, les investigations s’avèrent difficiles : l’île est petite et très surveillée. Comment Rachel Solando, accusée d’un triple infanticide, a-t-elle pu, sans être vue, sortir de sa chambre, passer devant plusieurs postes de garde, traverser la pièce où se déroulait une partie de cartes ?
Le Dr Cawley, qui va suivre de près le travail des enquêteurs, les informe qu’ils ne pourront avoir accès aux dossiers des détenus. En revanche, le psychiatre leur remet un feuillet trouvé dans la chambre de Rachel, et qui contient une suite de chiffres et de lettres. Daniels, le chef du binôme, commence à les déchiffrer.
De son côté, son acolyte a pu constater, à la faveur d’une absence de Cawley, qu’à compter de la veille de leur arrivée, quatre pages de son agenda portent la seule indication » Patient 67 « . En interprétant les cryptogrammes, Daniels aboutit au chiffre 67. Ayant appris que l’établissement ne compte officiellement que soixante-six détenus, il se demande s’il n’en existerait pas un soixante-septième…
Une tempête est annoncée, les fédéraux sont condamnés à demeurer sur l’île pour une durée indéterminée. Les protagonistes de ce huis clos lancinant et captivant vont dès lors évoluer dans une pénombre qui va se transformer en nuit menaçante.
Le psychiatre et ses collègues sont d’habiles manipulateurs. Après être passé par leurs mains, on ne sait plus très bien qui est sain d’esprit – ou même si quelqu’un l’est encore…
L’identité même des enquêteurs est mise en question par un jeu d’anagrammes révélateurs ; le passé se réécrit sous forme d’accusation de l’accusateur, qui se retrouve face à une identité qu’il récuse.
On se perd dans les méandres de ce thriller particulièrement bien ficelé, jusqu’à la révélation finale… qui provoque chez le lecteur l’envie de relire l’album dans la foulée.
Un dégradé de couleurs éteintes, soumises à un éclairage minimaliste, renforce l’atmosphère oppressante qui plane sur Shutter Island. Les dessins sont remarquables et participent eux-aussi à la réussite de cet album à (re)découvrir.
Jeanne Marcuse
To-day