
D’après le roman de Raphaëlle Giordano
Camille a tout pour être heureuse – enfin presque : un cadre de vie agréable, un job plutôt stable (encore que…), un époux soucieux de son confort… à lui, un fils sympa mais un brin tyrannique.
Pour tout maintenir à flot, elle doit en permanence jongler avec les attentes de l’un et de l’autre et celles de son boss, qui est loin d’être accommodant. Camille est corvéable à merci, sans que pour autant elle en soit remerciée ; la plupart du temps, elle se sent niée par ceux pour qui elle n’a de cesse de se décarcasser. Son moral est atteint et l’estime qu’elle a d’elle-même, au plus bas, mais elle n’a pas encore eu le temps de s’en apercevoir.


Jusqu’au jour où, à la faveur d’une panne de voiture en rase campagne, la nuit, sous une pluie battante et sans possibilité de prévenir qui que ce soit par téléphone, elle finit par trouver aide et assistance auprès des habitants du premier pavillon qu’elle trouve sur son chemin. Cerise sur le gâteau, pendant qu’ils attendent un dépanneur, le maître de maison, qui a perçu son épuisement psychique et l’a identifié, lui indique qu’elle souffre d’une forme de « routinite aiguë ». Il connaît la musique, il est « routinologue » de profession. « Des chercheurs ont découvert que de plus en plus de gens étaient touchés par une sensation de vide, un vague à l’âme, et trainaient la désagréable impression d’avoir tout pour être heureux, mais pas la clé pour en profiter (…) Bientôt le sourire sera en voie de disparition », explique-t-il. Et il lui propose dans la foulée d’être son coach pour une thérapie tout en douceur, à son rythme et sans engagement. Comment résister à une pareille offre ?


Une évidence, un album miroir qu’on s’approprie dès les premières planches et qui devient rapidement un livre de chevet, un compagnon de route qui mène à ce que l’on est véritablement au fond de soi. Un grand bravo aux trois auteures !
Anne Calmat