Un peu de bois et d’acier

de Christophe Chabouté – Ed. Vents d’Ouest

En 2012 paraissait un roman graphique dont le personnage central, si l’on peut dire, est un banc public.

La couverture est dans les tons de brun avec un ciel vert d’eau, pour le reste tout est en noir et blanc. Particularité de ce travail : pas un mot, pas une exclamation : 328 pages sans texte, si ce n’est pas nouveau, l’entreprise mérite toutefois qu’on s’y arrête.

C’est toute une humanité que nous voyons défiler sur ce banc, ou devant lui.

Il s’agit d’un banc comme nous en avons tous connu, trois planches en haut, quatre en bas, et des montants en métal. Les saisons défilent, les personnages vieillissent, deux personnes âgées viennent s’y partager un gâteau, une autre s’y installe pour lire, certains se croisent sans se voir, se parlent parfois. Le banc se dégrade, est réparé, repeint, sert de tremplin à un jeune sur sa planche, un clochard tenace vient y dormir chaque nuit lorsque le temps et le policier du coin le permettent.

La vie d’un banc, les atteintes du temps et des intempéries, et pour finir, son remplacement par une horreur du style « design urbain » où il n’est plus question de s’allonger.

Ainsi défilent, au gré des pages, les solitudes et les petites défaites, les épreuves, mais aussi l’espoir,  la musique qui relie les êtres… Il y a tout cela dans ce beau livre.

L’acte de lire, car il demeure, prend une autre forme devant les images, notre mental élabore des hypothèses. Nous qui sommes  l’espèce fabulatrice, nous nous racontons mille histoires devant ce champ ouvert des possibles, fait d’un peu de bois et d’acier.

Danielle Trotzky

30 euros

  • Nancy Huston

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

338 p., 30 €