Une saison à l’ONU Au cœur de la diplomatie mondiale

Depuis le 3 octobre 2018

Scénario Karim Lebhour, dessin Aude Massot – Préface Gérard Araud – Ed. Steinkis. Visuels © Ed. Steinkis

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts. » Isaac Newton

L’auteur a été reporter de 2011 à 2015 aux Nations Unies pour RFI. Des émeutes de Bengazi (févr. 2011), à celles qui ont eu lieu en Syrie quelques mois plus tard, en passant par la mort de Kim Jong-il (déc. 2011) et la reconduction pour la troisième fois au pouvoir de Vladimir Poutine (mars 2012), tout était suivi de près par l’administration onusienne. 

Les dirigeants de la vénérable institution « condamnaient », « déploraient », étaient « irrités », voire « exaspérés ». Leurs sujets de préoccupations ont figuré et figurent encore à l’ordre du jour des différents Conseils de sécurité, avec, dans le présent album, quelques flashes-back pour les illustrer. Comme, par exemple Dominique de Villepin se prononçant, au nom de la France, contre une intervention en Irak (févr. 2003).

À la lueur de ce qui s’est passé par la suite dans le monde et  à celle de son instabilité en 2018, on peut se demander d’où vient l’impuissance des Nations Unies à maintenir la paix et la sécurité. Gérard Araud, représentant permanent de la France auprès de l’ONU à New York de 2009 à 2014, et actuellement Ambassadeur de France à Washington, répond : Si les Nations Unies ne remplissent pas leur mandat, la faute en incombe aux États membres qui, soit ne donnent pas à l’ONU les moyens dont elle a besoin, soit s’opposent à son action. 

Nous suivons le premier contact de Karim Lebhour avec la gigantesque et labyrinthique forteresse de verre située sur la 1ère Avenue, le long de l’East River. Plus de 6 000 personnes y travaillent. Nous assistons, le temps d’un clin d’œil à Woody Allen, à son installation à quelques blocs de Central Park. Nous le retrouvons au Beer Garden Estoria avec d’autres correspondants internationaux. Nous l’accompagnons dans des soirées chez les ambassadeurs…

Puis vient le jour de son premier Conseil de sécurité et celui de son interview de Ban Ki-Moon, huitième secrétaire général des Nations Unies (2007-2016). « Plus secrétaire que général », disent quelques mauvaises langues. Nous apprenons dans la foulée comment les crises arrivent et comment elles sont gérées, qu’elles aient lieu à l’autre bout du monde ou pied de l’ONU : « Free Egypt ! », « Mubarak go ! »,« ONU Your silence kill ». Et qu’il vaut souvent mieux s’en tenir aux formules toutes faites qui ne fâchent personne…

Nous découvrons ses petits travers et ses grandes défaillances, mais aussi les espoirs que l’organisation suscite auprès des « petits États ». Nous mesurons le poids du droit de veto qu’exercent certains États membres, et comment il peut porter un coup fatal à la médiation de l’ONU. Nous découvrons aussi – ce qui est moins anecdotique qu’il y paraît – qu’il existe une Journée Mondiale des Toilettes… ou plutôt de leur absence dans nombre de pays.

Une plongée humoristique et passionnante dans les arcanes du pouvoir onusien, avec pour guide un homme de terrain*. 

Anne Calmat

208 p., 20€

  • Karim Lebhour

    Karim Lebhour est depuis 2007 le correspondant de plusieurs médias francophones au Proche-orient. Pendant trois ans, il a été le témoin du quotidien de la bande de Gaza, depuis la prise de pouvoir du Hamas jusqu’à l’offensive israélienne Plomb durci (déc. 2008-janv. 2009), puis reporter aux Nations Unies. Il a également collaboré à la Revue dessinée.