de Zerocalcare (texte et dessin) – Ed. Cambourakis – En librairie le 7 septembre (chronique bilingue).
Depuis quelques années, l’info à jet continu dont nous abreuvent nombre de médias TV, soumis à la dérisoire guerre du scoop, n’aide pas toujours à cerner une situation donnée. Le conflit syrien en est une parfaite illustration.
Parti fin 2014 avec un groupe de huit humanitaires à la rencontre de l’armée des femmes kurdes en lutte contre l’avancée du groupe État islamique sur la ville de Kobané, l’auteur a rendu compte à son retour de ce qu’il y avait vu et entendu. Son reportage graphique d’une quarantaine de pages, publié dans un premier temps dans l’hebdomadaire italien Internazionale, a par la suite été enrichi, au point de composer cet album qui en compte maintenant 288.
Le jeune dessinateur romain y décrit la vie dans cette partie du Kurdistan syrien, qu’on appelle le Rojova (constitué de trois cantons, dont Kobané). Il met l’accent sur les enjeux majeurs d’un conflit, dont les médias ont eu manifestement tendance à ne rendre compte que de façon parcellaire.Bien que dix-huit mois se soient écoulés depuis ses trois séjours au Rojava, son témoignage, aux antipodes de tout sensationnalisme, n’en demeure pas moins précieux. Il permet de mesurer le chemin parcouru, ou non, en faveur de la paix, dans cette zone dévastée où s’entassent, dans des camps de fortune, des dizaines de milliers de réfugiés Kurdes. L’image de la Maison, celle qui a été détruite et celle qui hante leurs rêves et leurs cauchemars est du reste omniprésente dans le récit.
Passées les premières planches dévolues aux réactions de la mamma lorsque Zerocalcare lui annonce son départ, on le retrouve avec ses compagnons dans le village de Mehser, à quelques encablures de Kobané. Les habitants doivent en effet faire face aux assauts incessants du groupe Etat islamique.
Ce qui est en jeu, c’est précisément l’autonomie du Rojava, cette utopie proche-orientale, régulée par un contrat social fondé, en particulier, sur la cohabitation ethnique et religieuse et sur l’émancipation des femmes. Impensable pour beaucoup, et pas seulement pour le GEI !
La première partie de l’album s’achève avec le retour à Rome de ZC, et sur une déclaration en flash-back de « l’Homme au Chai* » (le pilier central du village) : C’est notre bataille décisive. Pas seulement des Kurdes, de l’humanité. Tous les hommes et les femmes qui ont à coeur la liberté et l’humanité devraient être aujourd’hui à Kobané (le conflit a tourné à l’avantage des Kurdes en janvier 2015). Ce à quoi ZC répond, en s’adressant directement au lecteur : Et tout ce qui a modelé le tien, ce que l’on t’a appris, ce qu’on t’a transmis, ce qui t’a fait pleurer, ce qui t’a fait rire, le sang qui n’a fait qu’un tour et celui qu’on vous a fait cracher, tout ça est aujourd’hui à Kobané.Deux voyages vont suivre. ZC et ses compagnons sont conscients des risques encourus – une résistante kurde ne les a-t-elle pas prévenus que celui qui vient combattre ici, ne peut en ressortir que mort ou vainqueur ? Mais pour eux, tout est en effet une affaire de coeur.
Ce qui se passe ensuite dans la BD appartient à ceux qui la découvriront en septembre prochain.
L’auteur excelle dans le second le second degré, le ton est facétieux et désinvolte. Le dessin, faussement caricatural, est expressif et vigoureux.
Du grand Zerocalcare, qu’on a découvert en France en 2014 avec La Prophétie du Tatou – Ed. Paquet.
Anne Calmat
288 p., 24 €
• Thé épicé
Kobane calling – Ed. Bao Publishing e Feltrinelli edizioni (uscita, aprile 2016)
Da qualche anno, le informazioni a flusso continuo che alimentano molti notiziari TV, sottomessi a una derisoria guerra allo « scoop », non ci aiutano a capire une situazione data. Il conflitto siriano ne è il perfetto esempio.
Partito alla fine del 2014 con otto operatori umanitari per incontrare un gruppo di donne che resistevano all’offensiva dello Stato islamico contro Kobane, il fumettista romano ha riferito al suo ritorno da quello che aveva visto e sentito. Il suo rapporto grafico di 40 pagine, che è stato pubblicato inizialmente nel’Internazionale. Arricchito da una lunga seconda parte inedita, è diventato un album di 288 pagine.
Il giovane designatore descrive la vita in questa parte del Medio Oriente chiamata Rojava, e mette in evidenza gli aspetti maggiori del conflitto.
Anche se sono ormai trascorsi diciotto mesi da quando ZC e’ tornato dalla zona di Rojeva, la sua testimonianza è preziosa. Permette di misurare la distanza percorsa – o no – a favore della pace in questa zona, adesso stipata di campi di fortuna per i profughi curdi. L’immagine della casa, quella che é stata distrutta, quella che assilla i sogni e gli incubi di molti, è assai presente nella narrazione.
Dopo le prime pagine, dedicate alle reazioni della mamma quando Zerocalcare le annuncia la sua partenza, lo ritroviamo con i suoi compagni nel villaggio di Mehser, vicino a Kobane. La città deve affrontare l’assalto incessante del ISIS.
Si tratta per gli abitanti di resecare l’autonomia del Rojova, questa utopia medio orientale, regolata da un contratto sociale basato, in particolare, sulla coesistenza etnica e religiosa e sull’emancipazione della donne*. Impensabile per molti, e non soltanto per ISIS
La prima parte del album si conclude con il ritorno a Roma di ZC e una dichiarazione del “l’Uomo del Chai**” (il perno centrale di Mesher) : Questa è la nostra battaglia decisiva e non solo di Kurdi, ma per tutta l’ umanità. Tutti gli uomini e le donne, che hanno a cuore libertà e umanità, oggi dovrebbero essere a Kobane.
Zerocalcare, rivolgendosi direttamente al suo lettore, aggiunge : E tutto quello che ha toccato, gli insegnamenti, le cose trasmesse, quelle che ti hanno fatto piangere, quelle che ti hanno fatto ridere, il sangue che ti ribolliva dentro e quello che ti hanno fatto sputare fuori : ogni cosa, ogni sentimento è presente a Kobane.
Seguiranno, poi, altri due viaggi. ZC e i suoi compagni sono consapevoli dei rischi – una combattente curda le ha avvertiti : Chi viene a combattere qui può uscire in due modi : o da morto o da vincitore.
Ma per loro è effettivamente un affare di cuore e di umanità.
Adesso, tss ! Quello che succede nelle parte seguente dell’album appartiene ai suoi futuri lettori. I livelli narrativi sono vari, il tono è leggero ed impertinente. Il disegno, falsamente caricaturale, è molto espressivo e vigoroso.
A. C.
* Nel gennaio 2015, il conflitto si è trasformato in favore dei Kurdi
**Una specie di té pepato.