Expo : Bande dessinée arabe, nouvelle génération (suivi de) Short #2 

du 25 janvier au 4 novembre – Musée de la BD d’Angoulême

Algérie, Egypte, Irak Jordanie, Liban, Lybie, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie… Une cinquantaine d’auteurs arabes seront mis à l’honneur au cours de cette expo itinérante. Après sa clôture, les œuvres se déplaceront en effet  dans d’autres villes, participant ainsi à la découverte de tous ces nouveaux talents.

Sortie de 7 février

 

Treize ans après son numéro 1 (ci-contre), la revue Short trouve enfin une autre jambe. Ce numéro qui se voulait ouvert à tous les possibles de la narration en bande dessinée (roman, fable, documentaire, adaptation littéraire…) est suivi aujourd’hui d’un numéro spécial bande dessinée arabe.

Au sommaire, une trentaine d’histoires courtes, issues de fanzines et revues collectives, des histoires recueillies par le fondateur de la revue égyptienne TokTok, Mohammed Shennawy

Publiée avec le soutien de l’Institut français d’Égypte, l’Institut français (Paris), le Goethe Institut Kairo, et le Fonds culturel franco-allemand, cet album se veut le reflet de l’incroyable vitalité de ces auteurs du Liban, d’Égypte, du Soudan, d’Irak, de Syrie, et d’Algérie, de Tunisie, du Maroc, de Lybie apparus il y a une dizaine d’année et consolidés après “Les Printemps arabes”, en 2011.

La publication de fanzines tels que TokTok, Skefkef, Lab 619, Messaha… dévoile une production emblématique, qui relaie les principales problématiques et les défis socio-politiques auxquels est confrontée la jeunesse arabe. Les auteurs commencent à être reconnus hors de leurs frontières, certains, comme les Libanais Mazen Kerbaj ou Zeina Abirached, “en exil” ou en résidence dans des pays européens, ont publié des albums écrits en français ou en anglais (Freedom Hospital du Syrien Hamid Suleiman (v. BdBD). Grâce aussi à la multiplication des festivals de bande dessinée (Festival Cairo-Comix depuis 2015), ils sont désormais reconnus par les acteurs et des experts de la BD internationale.

240 p., 27 €

L’Heure des mirages

Sortie 25 janvier

de Manuele Fior Traduit de l’italien par Laurent Lombard Ed. Ici Même – Visuels © Ici Même

« Moi aussi j’ai toujours rêvé d’exercer un métier spécial et voilà que je suis dessinateur… » M. F.

Avec L’Heure des mirages, Manuelle  Fior, dessinateur virtuose et multiple, livre un florilège des plus belles images qu’il a créées au cours des quinze dernières années. Des images qui vont des jaquettes de CD aux affiches de cinéma, en passant par sa longue collaboration à Repubblica en compagnie des écrivains Alessandro Baricco et Walter Siti. 

Au fil des pages, l’illustrateur du tout récent La vie devant soi*, parsème sa balade d’anecdotes, de souvenirs, de précisions sur les techniques utilisées, nous livrant ainsi, avec la délicatesse et la légèreté qui le caractérisent, un peu de l’envers de sa création. Un carnet de bord, intime et précieux.

200 p., 26 €

Manuele Fior est né à Cesena en 1975. Après des études en architecture à Venise en 2000, il s’installe à Berlin, où il travaille jusqu’en 2005 en tant qu’architecte, dessinateur, et illustrateur de BD. 

Ces dernières années, il a notamment publié Les Variations d’Orsay* (Futuropolis, 2015), L’Entrevue* (Futuropolis, 2013), Cinq kilomètres par seconde (Atrabile, Fauve d’Or au Festival international d’Angoulême en 2011), Mademoiselle Else, d’après le roman de A. Schnitzler (Delcourt, 2009), Icarus (Atrabile, 2006), Les gens du dimanche (Atrabile, 2004). Manuele Fior vit à Paris.

  • voir BdBD Archives 2016-2017

Je suis un autre

Depuis le 17 janvier

Scénario Rodolphe, dessin et couleurs Laurent Gnoni – Ed. Soleil

Communiqué

Peppo et son frère Sylvio passent leurs vacances estivales sur une petite île de Méditerranée. C’est là que Peppo va tomber amoureux d’une jeune peintre avec laquelle il connaît une brève idylle, sous le regard réprobateur de Sylvio. Lorsque la jeune femme est retrouvée morte, assassinée par un marginal, Peppo est persuadé que son frère est en réalité le coupable.

L’affaire semble réglée, à un détail près : Sylvio est mort depuis des années…Vous ne sortirez pas indemne de ce récit haletant, qui nous plonge dans la tourmente d’un meurtre mystérieux, dans la moiteur d’un été méditerranéen, entre passion amoureuse, jalousie, complot et schizophrénie.

144 p., 18,95 €

Visuels © Soleil

Des chauves-souris, des singes et des hommes

Sortie 25 janvier

de Paule Constant et Barroux – Roman graphique publié aux éditions Gallimard BD, adapté du roman éponyme de Paul Constant.

Cela commence comme un beau conte africain, avec des dessins aux lignes enfantines, des couleurs vives tracées à grands traits et un début d’histoire auquel on a envie d’ajouter il était une fois dans un minuscule village africain du Nord Congo, au bord du fleuve Ebola… Olympe, la seule petite fille, traîne, remplie de tristesse, en l’absence des garçons et de ses frères. Elle ne peut les accompagner à la chasse car l’odeur féminine ferait fuir le gibier. Elle se distrait en adoptant un adorable un bébé chauve-souris qu’elle nourrit d’un peu de salive. Mais les garçons tardent à rentrer et le village s’inquiète…

Pas très loin de là, à l’aéroport, un avion dépose Agrippine, jeune médecin de l’équipe Médecins sans Frontières, venue rejoindre son dispensaire pour commencer une campagne de vaccination. Elle partage un bout du voyage en pirogue avec « docteur Désir », un marchand ambulant européen qui propose aux dames africaines de quoi satisfaire leurs désirs de frivolités.

Virgile, qui étudie le rapport entre les plantations d’hévéas et le réveil des maladies endémiques du fait du bouleversement de l’éco-système, fait étape à la Mission, où il croise Agrippine. 

Thomas, l’interprète, rejoint l’équipe médicale pour lui permettre de toucher toutes les populations.

Le décor est planté, les personnages posés. Comment la catastrophe va-t-elle prendre corps ? Par un simple jeu de circonstances suivi d’une séries de rencontres hasardeuses. 

Finalement, les garçons sont rentrés bien tard de la chasse, traînant derrière eux un énorme gibier, un grand singe. Le village qui n’a pas vu autant de viande de brousse depuis longtemps, s’empresse de l’accommoder en ragoût, et tous, adultes, enfants, chiens de s’en repaître à plaisir. Sauf que les enfants ont caché que le singe avait été trouvé mort et qu’ils ont omis de pratiquer la cérémonie pour déshumaniser leur trouvaille. Alors pourquoi s’étonner quand au matin, quatre d’entre-eux sont trouvés sans vie, la gorge inondée de sang. Et toute la sorcellerie de la reine Mab, consultée bien loin, dans son île, ne pourra rien contre des forces plus redoutables encore. 

Puis, comme dans un ballet, les différents personnages se croisent : docteur Désir, passant par le village, décide, dans l’idée de rivaliser avec la reine Mab, d’emporter la peau de singe pour lui servir de tente de désenvoûtement. Faisant un détour dans le coin pour raccompagner une patiente, Agrippine aperçoit Olympe, qui, accusée de sorcellerie se meurt sur une plage isolée. Elle décide sur-le-champ de l’adopter tandis que Thomas se charge d’en avertir le village. Epouvanté par ce qu’il y trouve, il s’enfuira dans la brousse. À la mission, Virgile passe saluer tout le monde avant d’embarquer pour l’Europe. Il voyage à bord d’un 747, et à son arrivée, sa mère venue l’attendre, lui propose de regagner leur domicile en RER… 

Le contraste est saisissant entre la douceur des couleurs vives, réalisées au pastel et la noirceur de la tragédie mortifère qui se déroule. On a utilisé, pour qualifier l’ouvrage le terme de « poésie déchirante », on ne saurait dire mieux.

Nicole Cortesi-Grou

80 p., 18 € – Visuels © Gallimard BD

V. également : Alpha Abidjan-Gare du Nord de Barroux – Ed. Gallimard

cf. BdBD : « L’étrange », mars 2016

 

 

 

 

 

La Malédiction de l’Immortel

Depuis le 3 janv.

d’Antonio Taboada (scénario) et Dante Ginevra (dessin, couleurs) – Ed. Sarbacane

Londres, 1940. Plusieurs avions survolent la ville. Bang ! Des bombes sont larguées, des immeubles s’effondrent. Dans un pub, un homme prend le temps de terminer sa pinte de bière et de tirer sur son havane, comme si rien de tout cela ne le concernait.Puis, il se lève, enfile son pardessus, sort et se dirige vers un bâtiment officiel.

Peu de temps après deux détonations retentissent dans la nuit

Nous pénétrons alors dans un bureau, celui d’Erwin, un ami de l’homme au pardessus. « Si je tirais sur toi, il ne se passerait rien. Amusant non ? Pauvre immortel », dit Erwin.

Qu’il se fasse appeler Emerick Mansfield ou Georg Brenner, selon le pays dans lequel il se trouve, quelles que soient les raisons qui l’y ont conduit, l’Immortel est loin d’être serein. Il est obsédé par des visions, des flashs récurrents qu’il ne sait comment interpréter.

Erwin lui suggère de se rendre en Allemagne où, bien que recherché pour avoir écrit sur un portrait du Fürher, il trouvera des réponses à ses questions auprès d’une confrérie secrète, appelée le Vril. Le lecteur apprendra plus tard que le Vril est l’une des armes de guerre du régime*.

Pour celui qu’Hitler désigne sous le terme de « Scribouillard du Reichstag », l’aventure ne fait que commencer. Elle va être périlleuse – mais n’est-il pas de taille à échapper à ceux qui le traquent ?

« Il ne sait pas ce qu’il l’attend », a dit à son acolyte celui qui, contraint et forcé, a indiqué à Brenner le chemin qui mène au Vril.

Sa grande prêtresse, qu’on appelle aussi « la Grande psychique du Reich », Maria Orsic, décide dès leur première rencontre de venir en aide à l’Immortel.

Mansfield/Brenner va aimer cette rencontre. Un peu trop peut-être… Et il arrive parfois que le dieu Amour fragilise ceux qu’il croise, ce qui va faire le jeu de celui qui tire les ficelles.

Idéologie, manipulations, superstitions, nous ne sommes ici qu’à mi-chemin de cet étrange et passionnant récit qui tiendra très probablement ses lecteurs en haleine dès les premières planches. 

Anne Calmat

112 p., 19,50 € – Visuels © Sarbacane

  • Séduits par l’idéal nietzchéen du surhomme, les nazis étaient en effet convaincus qu’il existe une puissance immatérielle qui sommeille dans la souche aryenne de l’humanité et qu’en l’éveillant ils réussiraient à améliorer les gènes de leur race et à devenir les égaux des Vril-Ya, une société secrète datant du 19è siècle imaginée par l’écrivain et lord britannique Edward Bulwer-Lytton. Ils  tentèrent donc de s’approprier les connaissances de la confrérie du Vril et de les détourner à leur profit, n’hésitant pas à reprendre à leur compte l’antique symbole religieux shivaïste de la Svastika qui en était le signe de ralliement de ses membres.

Turing

Depuis le 3 janv.

Texte et illustrations Robert Deutsch – Ed. Sarbacane

Le film de Morten Tyldum (GB-USA 2014), The Imitation Game, avec Benedict Cumberbatch dans le rôle d’Alan Turing (1912-1954), décrivait l’itinéraire de  ce mathématicien de génie précurseur de l’ordinateur, depuis son adolescence solitaire, marquée à jamais par son amitié amoureuse pour son camarade de collège, jusqu’aux années où, chargé par les autorités britanniques de décrypter le code secret qu’utilisaient les Allemands pour diriger leurs opérations militaires, il devint l’un des principaux artisans de leur défaite.

On le voit travailler sans relâche avec son équipe à Bletchley Park (GB). Les relations entre cet homme tourmenté et ses collègues sont souvent chaotiques, mais seul le résultat compte.

Son soutien affectif viendra de sa grande amie Joan Clarke – elle-même victime du machisme de la société britannique de l’époque – qu’il finira par demander en mariage, sans faire mystère de son homosexualité.

Humilié sur la place publique, vilipendé, condamné en 1952 à choisir entre la prison et la castration chimique, il se suicidera le 7 juin 1954 en croquant une pomme contenant du cyanure*. 

L’album conçu par Robert Deutsch débute à ce moment-là. Puis nous remontons le temps. Trois années séparent Alan Turing de son grand saut vers l’inconnu. Il travaille maintenant avec passion sur l’intelligence artificielle, tout en subissant les effets indésirables de son traitement… Mais est-il homme à se satisfaire de rencontres éphémères et glauques dans les toilettes d’un bar, avec le risque ensuite d’avoir été la cible d’aigrefins ? 

Une réflexion forte sur le devoir, la solitude, la quête d’identité, servie par un dessin presque minimaliste qui n’est pas sans évoquer celui de l’Américain Richard McGuire (v. Ici s/BdBD).

A.C.

192 p., 29 €

  • Pour la petite et la grande Histoire, en 2009, le Premier ministre, Gordon Brown, présenta des excuses au nom du gouvernement britannique pour la manière dont Alan Turing avait été traité. En 2013, la reine lui exprima un pardon posthume.

L’auteur : Né à Köthen (Allemagne), Robert Deutsch est un illustrateur et graphiste free-lance travaillant à Leipzig. Il publie et expose ses créations dans le monde entier, de l’Allemagne aux États-Unis en passant par la France, le Portugal et la Finlande. Finaliste du Prix de la bande dessinée du Berthold-Leibinger-Stiftung en 2015 et nommé deux années d’affilée au grand prix du German Design Award (en 2016 et 2017), il est une figure montante de l’illustration européenne.

Vies volées : Buenos Aires – Place de Mai

Sortie 10 janvier

de Matz et Mayalen Goust – Ed. Rue du Sèvres 

Coup de projecteur

En Argentine, de 1976 à 1983, sous la dictature militaire, cinq-cents bébés ont été arrachés à leurs mères pour être placés dans des familles plus ou moins proches du régime. Plusieurs années après cette tragédie, les grands-mères de ces enfants ne cessent de se battre pour les retrouver.

Interpellé par ce drame largement médiatisé, Mario, un jeune homme de 20 ans qui s’interroge sur sa filiation décide d’aller à la rencontre de ses grands-mères accompagné de son ami Santiago et décide de faire un test ADN. Les résultats bouleverseront les vies des deux jeunes gens et de leur entourage.

À travers leur quête, on s’interroge sur l’identité, la filiation, la capacité de chacun à se confronter à ses propres bourreaux, à surmonter une trahison et parvenir à envisager un nouvel avenir.

15 €