Geisha ou le jeu du shamisen (T. 1 & 2) 2017-2018

T. 1 (avril 2017)

de Christian Perrissin (scénario) et Christian Durieux (dessin) – Ed. Futuropolis, 2017 

Chronique audio (4’11) Juliette Poullot, librairie Les Buveurs d’Encre, Paris 19e

Également diffusée dans l’émission Act’heure sur FPP 106.3

T. 1

 

T. 2 (avril 2018)

 

 

 

 

 

Geisha ou le jeu du shamisen de Christian Perrissin (scénario) et Christian Durieux (dessin) – Ed. Futuropolis – En librairie le 6 avril 2018 

Avril 2018, le jeu du shamisen s’achève.

À 18 ans, Setsuko Tsuda est devenue une geisha, son apprentissage terminé. Elle a surtout perfectionné son jeu du shamisen, cette guitare à trois cordes qui accompagne le chant des geishas et dont la mélopée peut s’avérer des plus envoûtantes quand on en joue divinement. Mais pour le moment, c’est à la montagne qu’elle exerce son art. Elle accompagne Okaa-san, la geisha qui l’a formée, gravement malade et contagieuse, qui tente de se remettre de son mal. Loin de l’okiya, Setsuko fait le point sur sa jeune existence. Car elle traverse une mauvaise passe depuis quelque temps. Elle ne progresse plus au shamisen, les clients la trouvent distante et elle a moins d’engagement. Est-elle déjà lasse de son métier ?

T. 2

À l’auberge où elle réside, elle rencontre Shuji Ariyoshi, étudiant en littérature française à Tokyo, qui veut devenir écrivain. Sa fantaisie et sa joie de vivre la fascinent…

88 p., 18 €

T. 2

© Futuropolis

 

Wake up America, vol. 1 à 3 (suivi de) Scottsboro Alabama & de Black in White America

Coup d’œil…

Wake up America de John Lewis Andrew Aydin (scénario), et Nate Powel (dessin) – Traduction Basile Béguerie – Ed. Rue de Sèvres

images« America first » a martelé Donald Trump lors de son investiture. Soit (encore que…), mais ce slogan en forme d’oukase concerne-t-il tous ses habitants ?

On aurait aimé ne voir dans ces albums que le témoignage d’un passé révolu, mais l’Histoire a une fâcheuse tendance à bégayer et il est bon de se souvenir de ceux qui se sont battus pour que cesse la ségrégation raciale institutionnalisée aux USA.. Et que beaucoup continuent de le faire en 2018…

Le premier et le second volume de cette série graphique et autobiographique paraissent en France en 2014 et 2015. Ils retracent l’itinéraire de John Lewis, défenseur pendant des décennies des droits civiques des populations noires. Il est depuis 1980 le représentant parlementaire du cinquième district de l’État de Géorgie, sous la bannière du Parti Démocrate.

Moins connu en Europe que Martin Luther King, Lewis est le dernier des « Big six » encore en vie. Son témoignage n’en est que plus précieux.

Vol. 3
Vol. 3

Le troisième volume de la série est sorti le 22 février 2017.

Il couvre notamment la période durant laquelle John Lewis fut le président du Student Nonviolent Coodinating Commitee (1963-1966), et s’étendra jusqu’en 1968.

À l’automne 1963, le mouvement pour les droits civiques semble s’être imposé aux Etats-Unis, mais Lewis reste vigilant : les arrêtés ségrégationnistes promulgués par Jim Crow sont toujours appliqués dans les Etats du sud. Son seul espoir est de faire valoir et appliquer le principe du vote pour tous, y compris pour les Noirs. « Un homme, une voix ».

Avec cette nouvelle bataille, viendront de nouveaux alliés. Mais aussi de redoutables  ennemis, comme George Wallace, gouverneur de l’Alabama jusqu’en 1967, et membre de l’American Indépendant Party d’extrême-droite jusqu’en 1970.1541-2

Cette nouvelle page s’ouvre sur un acte terroriste perpétré dans l’église baptiste d’une petite ville emblématique des luttes pour l’égalité des droits civiques : Birmingham en Alabama. « Vingt-et-un blessés et quatre enfants assassinés dans la maison du Seigneur (…) Nous comprenions tous ce que voulait dire le Dr King. Le gouverneur George Wallace avait débuté son mandat en disant « La ségrégation à jamais », et deux semaines avant l’attentat, il disait dans un journal : « Ce dont ce pays a besoin, ce sont quelques funérailles de première classe. »

Au-delà des faits qui sont décrits tout au long des trois albums, c’est la pérennité des crimes racistes – souvent impunis – dans certaines parties des États-Unis qui revient immanquablement en mémoire. On ne peut qu’être admiratifs face à la détermination sans faille de celles et ceux qui ont érigé la non-violence comme fondement de leur action, sans jamais déroger à cette règle, malgré les brutalités dont ils étaient victimes.

A. C.

256 p., 15 €

Rappel des volumes précédents :

vol. 1
vol. 1

Ici, les souvenirs d’enfance de John Lewis (né en 1940 en Alabama) alternent avec l’évocation des événements survenus dans les années 50-60, et avec celle des luttes que lui et ses camarades ont menées en faveur de leurs frères de couleur : le refus de Rosa Parks de céder sa place à un passager blanc (déc. 1955), la répression brutale du Bloody Sunday (mars 1965), les sit-in non-violents de Nashville pour en finir avec l’apartheid dont les Noirs étaient les victimes (février-mai 1960)…

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Les dessins de Nate Powel, exécutés à l’encre de chine et au fusain, illustrent  avec la sobriété qui convient le combat pacifiste de ceux qui ont ouvert la voie au premier président afro-américain des Etats-Unis. A. C.

Vol. 2
Vol. 2

L’album se concentre sur le mouvement baptisé Freedom Rides (voyages de la liberté)créé par des étudiants et des militants en faveur de l’évolution du statut des Noirs aux États-Unis. Leur objectif : mettre un terme à la ségrégation et faire respecter une décision rendue par la Cour Suprême en juillet 1964, le Civil Rights Act.

Une quête désespérée, si l’on en juge par l’accueil qui leur est réservé par les autorités locales. Battus, humiliés, emprisonnés pour « troubles à l’ordre public », les militants poursuivent cependant leur action, en dépit du climat de terreur instauré par une frange de la population blanche.wu 2

On constate que leur détermination s’est malgré tout avérée payante, puiqu’elle a permis une avancée importante dans la lutte pour les droits civiques.

Ce second opus s’achève le jour de la célèbre marche sur Washington, le 28 août 1963. Elle a réuni entre 200 000 et 300 000 personnes et s’est clôturée par l’immortel « I had a dream » de Martin Luther King, immédiatement après que John Lewis se soit exprimé lors de ce fameux rassemblement devant le Capitole.

A. C.

Dans la même vaine, quelque trente ans auparavant…

scottsboroScottsboro de l’esclavage à la révolution
de Andrew H. Lee, Robin D.G. Kelly, Michael Gold (textes) et Lin Shi KanTony Perez (dessins) – Traduction Franck Veyron – Ed. L’Echappée, nov. 2014

L’album était à l’origine, en 1935, un recueil de cent-dix-huit linogravures qui dépeignaient les atrocités commises envers les Noirs dans le sud des Etats-Unis. Il avait eu pour point de départ, un « incident » survenu quatre ans auparavant, en Alabama.

Le 25 mars 1931, un train de marchandises est stoppé à Selma, près de la petite ville de Scottsboro, suite à une bagarre entre un groupe de hobos blancs et des passagers noirs. Tous les protagonistes de la rixe sont interpellés, seuls les Blancs seront aussitôt relâchés. Rapidement, deux jeunes femmes blanches, Ruby Bates et Victoria Price, manipulées par les policiers, accusent neuf jeunes Noirs de les avoir violées. Ils ont entre treize et dix-neuf ans. Quelques jours plus tard, huit d’entre-eux sont condamnés à mort.
Les irrégularités flagrantes qui ont entouré la procédure vont toutefois obliger la Cour suprême de l’Alabama à ordonner la tenue d’un second procès, « plus équitable ».Scottsboro-Khan-Perez-3L’International Labor Defense, la National Association for the Advencement of Colored People et plusieurs comités de soutien, tous d’obédience communiste, entrent alors en action. Ils vont donner à cette « tragédie sudiste ordinaire », un retentissement international.
Plusieurs vagues procès suivront. Deux condamnations à la chaise électrique seront à nouveau prononcées, puis commuées en peines de prison à vie. Pour finir, une seule condamnation à mort, celle de Clarence Norris, sera confirmée en 1939. Libéré sur parole en 1944, puis déclaré « not guilty » en 1976, le dernier des  Scottsboro Boys  s’éteindra en 1989, à l’âge de 76 ans.
Des années de captivité illégale, puisque dès janvier 1932, l’une des deux jeunes femmes avait avoué à l’avocat des garçons que leur mensonge n’avait eu d’autre but que celui de leur éviter une peine de prison pour vagabondage ou prostitution.
Lin Shi Kan et Tony Perez (dont on ne sait pratiquement rien) ont voulu inscrire cet épisode édifiant dans le long terme de l’histoire des Noirs afro-américains ; depuis leur rapt sur le continent africain, jusqu’au combat qu’ils menaient dans les années 30 pour une société plus égalitaire. Des études récentes d’historiens et de journalistes viennent parfaire cette œuvre de mémoire, impeccablement mise en pages.
Les dessins sont simples, immédiatement identifiables, les légendes, concises et percutantes. Ici, des esclaves sont conduits enchaînés dans les plantations de coton et de tabac. Là, l’arrestation musclée des neuf garçons. Plus loin, les notables locaux préparent une corde pour le lynchage de ceux qui auraient bénéficié d’une peine trop clémente.

A. C.

192 p., 20 €

Black in White America de Leonard Freed – Ed. Steinkis (oct. 2018)

Leonard Freed (1929 – 2006) est un photographe américain issu d’une famille juive originaire d’Europe de l’Est. Il nait à Brooklyn et se tourne vers la photographie grâce à son apprentissage auprès du directeur de Harper’s Bazaar, Alex Brodovitch.

En 1967, Cornell Capa le sélectionne avec cinq autres photographes pour participer à son exposition « Concerned Photography »

Leonard Freed fut membre de l’agence Magnum à partir de 1972 et fut publié dans les grands magazines à travers le monde (LifeLookParis-Match, Der Spiegel…)

USA. Baltimore, Maryland. 1964. Supporters try to shake the hand of Martin Luther KING.

La carrière de Freed prend son envol au cours du mouvement pour les Droits Civiques, alors qu’il voyage à travers l’Amérique en compagnie de Martin Luther KingIl en tire l’ouvrage Black In White America que les éditions Steinkis publieront à la rentrée 2018-2019.

Et toujours disponible aux éditions Steinkis : I Have a Dream de Kadir Nelson.