
D’après le roman de Douglas Burroughs


S’inspirant du roman d’anticipation de l’écrivain Herbert George Wells, précurseur avec Jules Verne du roman de science fiction, Orson Welles adapte et met en ondes le 30 octobre 1938 une attaque de la Terre par les Martiens. La dramaturgie est parfaite, les « flashes spéciaux » – de plus en plus alarmants – sont entrecoupés de pauses musicales, ce qui donne une crédibilité à l’info. Et même si la pièce radiophonique s’achève sur une mise au point de la part de son réalisateur, peu semblent avoir entendu qu’il ne s’agissait là que d’un divertissement, offert à l’occasion des fêtes (probablement d’Halloween).


CBS est-il responsable de la panique qui suit le pseudo reportage « en direct » sur l’invasion de la planète Terre par une horde de Martiens ? Pire, la chaîne doit-elle être tenue pour responsable du drame qui s’est simultanément noué dans une petite bourgade du New Jersey ?
Avant que le FBI ne s’empare de l’affaire et ne règle son compte à CBS, un ancien journaliste de la station, devenu écrivain, va enquêter sur la mort d’un couple et les blessures par arme à feu infligées à leur fils face à l’arrivée imminente des pseudos extra-terrestres : le père aurait tué son épouse puis tiré sur son fils, avant de se suicider.

Le témoignage du fils, dont la vie ne tient plus qu’à un fil, laisse cependant Douglas Burroughs dubitatif : il y quelque chose qui ne colle pas dans l’histoire de l’arme à feu utilisée.

Nous le suivons dans ses investigations au sein d’une population simpliste et raciste à souhait, dont les regards se tournent spontanément vers un afro-américain – pourtant médaillé de guerre – qui possède forcément une arme rapportée du front. Nous voyons aussi, par le biais des nombreux flash-backs qui émaillent chaque récit, le traitement que certains habitants réservent aux jeunes filles noires.

Le scénario est captivant, la tension constante et le suspense subtilement ménagé. Les illustrations, qui ressemblent aux clichés ambrés de l’époque, donnent une patine singulière et troublante aux faits dont Laurent Galandon et Jean-Denis Pendanx se sont faits l’écho.

Les faits relatés ont-ils été montés en épingle à des fins publicitaires ? Reste un super moment de lecture et le regard qu’un écrivain-journaliste portait sur la société américaine de son époque, face au nôtre, en 2021, sur l’évolution des mœurs depuis trois quarts de siècles.
Anne Calmat

Laurent Galandon n’a démarré qu’en 2005 sa carrière de scénariste de bande dessinée. Il s’est fait connaître avec son premier diptyque, L’Envolée sauvage, réalisé avec un autre jeune talent Arno Monin, plusieurs fois primé et salué tant par la critique que le public.
Après une belle année 2009, où il signe notamment Quand souffle le Vent dans la collection Long Courrier chez Dargaud, s’attaque au terrorisme islamique avec Shahidas et aborde la Guerre d’Algérie avec Tahia el Djazaïr, l’année 2010 s’annonce encore plus animée.
En avril 2010, sortie de son nouvel album, Le Cahier à fleurs, dessiné avec beaucoup de sensibilité par Viviane Nicaise, auteur vivant en Grèce qu’il n’a pas encore rencontrée et qui devrait terminer le T.2.
Installé aujourd’hui en Ardèche, le jeune scénariste multiplie chez Bamboo et Dargaud des projets d’albums ancrés dans l’Histoire pour mieux l’interroger et faire réfléchir.
Avec une écriture sensible et engagée, un sens du découpage et de la narration, il a su tirer avantage de sa grande culture cinématographique pour offrir aux lecteurs des histoires passionnantes qui bousculent les préjugés.
© bedtheque.com

Jean-Denis Pendanx est né en 1966. Il vit à Bordeaux. Après des études d’arts graphiques, il débute sa carrière en tant qu’illustrateur de magazines de jeux de rôles et de livres pour la jeunesse (Père Castor, Flammarion, Magnard, Mango…). En 1991, il publie son premier album, Diavolo sur un scénario de Doug Headline, aux Éditions Zenda. En 1993, paraît le premier volume (sur quatre) de Labyrinthes, co-scénarisé par Dieter et Serge Le Tendre, aux Éditions Glénat. En parallèle, il travaille pour le dessin animé (Corto Maltese). Il adapte avec son auteur, Alain Brezault, le roman Les Corruptibles, toujours aux Éditions Glénat. 2006 : Changement de style, changement d’éditeur, il signe avec Christophe Dabitch Abdallahi un récit en deux volumes remarqué par la critique et les libraires. 2008 : Premier volume du triptyque Jeronimus, toujours avec Christophe Dabitch.
Texte © Futuropolis