Actes Sud audio (suite) : La cage dorée de Camilla Läckberg, lu par Odile Cohen

Depuis le 11 septembre 2019

La catastrophe approchait. Bien sûr, elle aurait pu en voir les signes. Ouvrir les yeux. On dit que rien ne nous rend plus aveugles que l’amour, mais Faye savait que rien ne nous rend plus aveugles que le rêve d’amour.

Dans ce thriller construit en forme de puzzle, avec de multiples flash-backs, nous suivons l’itinéraire d’une jeune femme prête à tout pour, selon ses propres mots, être quelqu’un et oublier, autant que faire se peut, son passé douloureux. Mais se remet-on un jour des traumatismes de l’enfance ou bien ressurgissent-ils sous une autre forme, comme une tumeur qu’on ne peut extirper ?

Faye est prête à se transformer en lolita pour satisfaire les fantasmes sexuels de son époux vénéré, qui ne la touche plus depuis longtemps ; prête à s’écraser, et même à en redemander, lorsqu’il l’humilie ; prête à se couper de son unique amie et soutien, Chris, qui n’a pas l’heur de plaire à son seigneur et maître.

De même qu’avant d’être emprisonnée dans cette cage dorée, elle avait admis qu’on la traite de « petite pute bouseuse », pour une simple histoire de rivalité amoureuse, et surtout parce qu’elle était née dans une petite ville du fin fond de la Suède. Ou bien quelques temps après, lorsqu’elle était entrée à Sup de Co Stockholm, elle avait accepté de se plier au rituel d’intégration qu’elle redoutait, rien que pour être « des leurs ».

Faye est comme une poupée qui dit « oui », « merci », « encore » au moindre claquement de doigts de son richissime mari. Elle prend son mal en patience et se contente de lui trouver des excuses : il travaille tellement ! La jeune femme n’a même pas à s’occuper de leur fille, une armée de baby-sitters et de domestiques y pourvoient.

Camilla Lãckberg

Mais lorsqu’il la quitte pour sa jeune collaboratrice et qu’il décide avec la brutalité que le caractérise que c’est lui qui aura la garde de leur enfant, ne laissant à Faye que ses yeux pour pleurer et une valise contenant ses vêtements, l’amour qu’elle avait pour lui se transforme en haine…

Le sous-titre du roman de Camilla Läckberg ? La vengeance d’une femme est douce et impitoyable.

Odile Cohen

Trente-trois chapitres plus loin, nous apprenons de quoi sa haine vengeresse a été faite. L’auteur – comme son héroïne – prend son temps pour décrire avec minutie la vie dans les hautes sphères de la bourgeoisie stockholmoise et au sein de ce couple sado-maso (certaines scènes de sexe auraient gagné à être édulcorées), pour mieux nous amener au dénouement final. Extrait ci-dessous.

Anne Calmat

10h30 d’écoute, 2 CD – 25 €