Claire Bretécher – Morceaux choisis – Ed. Dargaud/L’Obs

Sortie le 5 février 2021 – Visuels © Ed. Dargaud / L’Obs – 104 p., 17 €

Claire Bretécher nous a quittés le 11 février 2020 mais elle reste présente au travers de ses personnages devenus cultes grâce à son don d’observation. Au fil de ses histoires, elle s’impose comme la plus grande « humoriste-sociologue » du 9e art. Faussement simpliste, son graphisme nerveux et précis soutient parfaitement son propos lucide et sans concession – surtout quand sa cible est friquée, nombriliste et désabusée, mais plein de tendresse pour certaines femmes et à peu près tous les enfants.

Avec Cellulite, Agrippine, les Frustrés ou Les Mères, Claire Bretécher a décrit, souvent de façon lapidaire, nos ridicules, nos faiblesses et nos petits travers par le biais de formats courts qui rendaient son humour d’autant plus percutant.

SOMMAIRE

L’album est atypique et foisonnant : reportages, témoignages, photographies, planches de dessins, portraits privés (tableaux sentimentaux)…

Née le 17 avril 1940 à Nantes et précocement terrassée par l’ennui, Claire Bretécher se lance très vite dans la bande dessinée, pour s’occuper. 

Au début des années 1960, après avoir laissé tomber les Beaux-Arts parce que la bande dessinée y est persona non grata, elle enseigne le dessin pendant neuf mois, puis elle livre des illustrations dans différents journaux du groupe Bayard. 

En 1963, elle rencontre René Goscinny, qui l’invite à dessiner dans L’Os à moelle pour sa série Le Facteur Rhésus, bouleversante épopée d’un héros postal. « J‘ai été flattée de cette proposition, et puis je n’étais pas en position de refuser… Il me faisait dessiner des trucs que je ne savais pas dessiner : un ravalement d’immeuble, par exemple. Je suis nulle pour dessiner un ravalement d’immeuble ! D’ailleurs, il n’a pas été content du tout du résultat et il ne me l’a pas envoyé dire, avec courtoisie, comme toujours. Après, il m’a commandé des illustrations pour Pilote ».

© Glénat 1977

En attendant, Bretécher collabore au journal Tintin en 1965 et 1966, puis, en 1968, crée la série Baratine et Molgaga dans le mensuel Record (Bayard Presse).

© Glénat 1977

De 1967 à 1971, Spirou l’accueille, d’abord pour quelques courts récits, lesquels laissent ensuite la place aux Gnangnan, aux Naufragés (texte de Raoul Cauvin), ainsi qu’à l’éphémère Robin des foies (texte d’Yvan Delporte). En 1977, Claire refait une brève apparition dans le magazine – plus précisément dans son supplément, Le Trombone illustré – pour y raconter les mésaventures de Fernand l’orphelin (texte d’Yvan Delporte).

En 1969, elle commence, dans Pilote les aventures de Cellulite (princesse plus ou moins médiévale et féministe avant l’heure) et ses futures Salades de saison. Elle y dessine également plusieurs bandes d’actualité.

En 1972, elle participe à la création de L’Écho des savanes, avec ses amis Gotlib et Mandryka. Préfigurant ses inoubliables Frustrés, ses histoires se font plus acides.

En 1973, elle est sollicitée par la presse « chic » : Le Sauvage, pour lequel elle dessine Le Bolot occidental. Pour Le Nouvel Observateur elle livre une planche hebdomadaire, bientôt intitulée La Page des Frustrés.

C’est également à cette époque qu’elle décide de se lancer dans l’auto-édition — aventure passionnante et épuisante. Le premier album des Frustrés paraît en 1975. Après La Vie passionnée de Thérèse d’Avila (1980, réédité en 2007 chez Dargaud), elle édite en 1988 le premier album des aventures d’Agrippine (superbe prototype de l’ado), sept autres suivront.

En dehors de la bande dessinée, Claire Bretécher pratique (avec grand talent) l’art de la peinture, en témoignent les portraits hypersensibles de ses proches (ou les autoportraits) tirés de ses carnets intimes et repris dans les albums Portraits (Denöel, 1983), Moments de lassitude (Hyphen, 1999) et Portraits sentimentaux (La Martinière, 2004).

Visuels © Dargaud / LObs