Courtes distances

Sortie le 15 février 2018

de Joff Winterhart (G.B.), traduction Martin Richet – Ed. Çà et Là.

Dans son précédent album intitulé L’été des Bagnold (2013), Joff Winterhart avait su capter les tourments de l’adolescence et la difficulté que connaissent un fils et sa mère à communiquer, ou tout simplement à être sur la même longueur d’ondes.

Dans cet album, composé quatre ans plus tard, il est certes question d’un fils et de sa mère, mais c’est ici une tout autre histoire que nous conte Joff Winterhart – avec cet art consommé de la demi-teinte qui le caractérise. 

« Après trois tentatives universitaires avortées, une période infructueuse de travail en free lance… et la dépression qui s’en suivit, je prenais un nouveau-nouveau départ. » (…) J’avais quand même appris une chose : chaque tentative de gagner de l’argent, qui me tenait à coeur ou qui me plaisait, s’était soldée par un désastre. (…)

Un nouveau départ donc pour Sam, vingt-sept ans, qui à sa sortie de clinique retrouve le douillet nid maternel. Pour le meilleur. Sa mère a en effet tapé dans l’oeil d’un certain Keith Nutt, la cinquantaine bien enrobée, qui lui a proposé d’embaucher son grand dadais de fils dans sa petite entreprise spécialisée dans la distribution et le transport.

Notre première rencontre. (p.6)

Que distribue-t-elle ? Que transporte-t-elle ? Sam n’en n’aura qu’une très vague idée. Contraint d’attendre le retour de son boss une grande partie de la journée, le jeune homme ne va pas tarder à comprendre que son job consiste essentiellement à recueillir ses souvenirs de jeunesse, dont la plupart impliquent un certain Geoff Crozier.  Peu à peu, Sam se sent mieux. Il semble puiser une force nouvelle dans celle de Keith, dont il découvre progressivement les failles.

Ce que tu as sous les yeux est une arme fatale… (p.106)

De rugueuse au départ, la relation entre les deux hommes va finalement faire place à une connivence presque filiale.

Simple, profond, brillamment dialogué, l’album montre avec justesse la mélancolie d’un quotidien sans relief et les affres de la solitude.

A.C.

… Et je me dis, ce samedi soir, que nous avons peut-être plus de choses en commun que des sœurs en Australie et de l’eau de coco. (p. 89)

128 p., 24 €