Dédales – Charles Burns – Ed. Cornélius

Depuis octobre 2019 – © C. Burns / Cornélius – 62 pages, 22,50 €
Détail planche p. 5 – © C. Burns / Cornélius 

Cette sortie est accompagnée de la réédition de Love Nest, un livre de Charles Burns épuisé depuis 2 ans. (Cornélius, 2016).

idem

Un jeune dessinateur, Brian – que l’on suppose être l’alter ego de l’auteur, comme lui imprégné d’images inquiétantes depuis sa prime jeunesse – est en train de réaliser un autoportrait. D’abord surpris par l’image déformée que lui renvoie le grille-pain posé sur sa table de travail, il est ensuite interloqué par la tête en forme de méduse qu’il a lui-même créée. À moins qu’il ne s’agisse de celle d’un extraterrestre…

© C. Burns / Cornélius 

Laurie, une jeune fille aux cheveux flamboyants, s’approche et lui propose de se joindre à leur groupe de copains venus fêter l’anniversaire de l’un d’entre-eux, Jimmy. D’abord réticent, Brian finit par s’y résoudre, mais son esprit est déjà ailleurs.

© C. Burns / Cornélius 

Tous ont décidé de visionner d’anciens films amateurs 8 mm, au premier rang desquels figure The Criping flesh, dont Jimmy était l’interprète. Nous le découvrons en train de dormir, cependant qu’un ver de terre sorti d’une soucoupe volante rampe vers sa maison (d’où le titre). Le garçon va malencontreusement porter l’alien à sa bouche et changer radicalement de comportement. Le thème de l’adolescence et de la métamorphose est ici omniprésent.

© C. Burns / Cornélius

« Effet waouh ! » garanti lors des différentes projections, le groupe étant fan de science fiction et de films gores. Excepté Laurie. « Vous étiez de sacrés psychopathes, et vous l’êtes encore. »

© C. Burns / Cornélius 
© C. Burns / Cornélius 

Une idylle semble cependant s’être nouée entre Brian et elle. Il lui propose de l’emmener voir « L’invasion des profanateurs de sépultures » (1956). L’intrigue est simple : des graines extra-terrestres se sont répandues dans une petite ville de Californie, elles produisent des répliques exactes d’humains, qui, s’ils s’endorment deviennent l’une de ces créatures. Les victimes sont alors séparées à jamais de ceux qu’elles aimaient.

Avant de retrouver Brian, Laurie s’est faite agresser verbalement par un SDF à qui elle n’avait pu donner quelques pièces de monnaie. Ils le retrouvent à la sortie… toujours aussi menaçant. Aurait-il été contaminé lui aussi par une quelconque entité ? Il serait hasardeux de se prononcer sur ce qu’il advient tout au long du premier épisode de Dédales, l’auteur prenant, comme toujours, un malin plaisir à brouiller les cartes et à désorienter ses lecteurs.

Quant à Laurie, elle est très très fatiguée, il ne faudrait surtout pas qu’elle s’endorme…

Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est le premier tome d’une série qui construit sa narration autour du rapport entre l’inconscient et sa représentation. Ce thème est ici décliné à travers d’incroyables séquences où le rêve devient source d’inspiration de la fiction.

Anne Calmat

Ce premier tome d’une nouvelle série est inédit et publié en exclusivité mondiale. La version américaine ne sortira qu’en intégrale dans 5 ou 6 ans. Une exposition d’envergure consacrée à Charles Burns, en partenariat avec la galerie Martel (Paris), se tiendra au Pavillon Blanc, Centre d’art de Colomiers du 12 octobre 2019 au 4 décembre 2020, associée au programme du 33e festival BD de Colomiers.

Charles Burns

Charles Burns viendra en France à l’occasion de la sortie du livre. Plusieurs événements sont déjà prévus, dont une conférence et une projection de lm à Bordeaux en partenariat avec le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux et du Musée d’Art contemporain. L’auteur reviendra en janvier 2020 pour le festival d’Angoulême, dont il réalisera une des affiches.