Diab’-là

Coup d’œil…

d’après le roman de Joseph Zobel (1915-2006) – Adaptation et dessin de Roland Monpierre – Nouvelles Editions Latines.

Un homme, surnommé Diab-’là, fuyant l’enfer des champs de canne, est venu s’établir dans un village du bord de mer dans l’intention d’y cultiver ses légumes et de les vendre aux pêcheurs. D’abord circonspects face à cet   » étranger  »  les autochtones vont rapidement l’accepter parmi eux, et même l’aider à défricher sa terre. « Si un beau jour tous les nègres du monde voulaient se donner un coup de main comme ça, les uns les autres, quelle sacrée victoire, hein ! »

Diab‘-là saura leur prouver que lorsque l’on se donne à la terre ou à la mer avec obstination et respect, toutes deux savent en retour se montrer nourricières.

Il va trouver en Fidéline (la bien-nommée) une compagne courageuse et volontaire, qui partagera avec lui les fruits de leur entente.

Ce sont sans conteste les questions de la propriété de la terre, de l’indépendance des populations antillaises, de la revendication sociale et culturelle qui sont ici posées. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que ce premier roman de Joseph Zobel ait été jugé subversif par les représentants de Vichy en Martinique, et interdit pendant quatre ans.  

Voici le roman que j’avais écrit en 1942 à l’intention de mes compatriotes gémissant dans les ténèbres de la Révolution nationale. (…) Aujourd’hui, à la faveur des libertés retrouvées, je le livre au public, tel que l’amour de mon pays et de mes congénères me l’avait inspiré. « , dira-t-il plus tard.

Le héros de Joseph Zobel n’est d’ailleurs pas si éloigné que cela de celui de La rue Case-Nègres (roman autobiographie paru en 1950 puis adapté pour le cinéma en 1983), dans lequel un enfant, envoyé à l’école par sa grand-mère, échappe au sort commun à tous les jeunes Antillais, condamnés à être enrôlés dans des bandes de petits délinquants, avant d’aller, plus tard, s’épuiser sur les plantations de canne à sucre.

Anna K.

64 p., 16 €