
Autre approche graphique particulièrement innovante, celle de Benjamin Lacombe.
Il s’agit cette fois d’une traduction du roman de Lewis Carroll par Henri Parisot et non de son adaptation en bande dessinée.
« J’ai souhaité revenir à la source: aux désirs de Carroll, à son époque, à ses références très victoriennes ; et surtout à l’ambivalence, à l’ambiguïté du texte qu’il a écrit », dit Benjamin Lacombe.
« Pour créer mon Alice, je me suis nourri du modèle que l’auteur avait fourni à John Tenniel – les photos de Béatrice Henley – ainsi que de l’univers singulier et sulfureux des photos d’enfants qu’il a prises toute sa vie. Et pour donner corps au pays des merveilles, j’ai eu envie d’aller beaucoup plus loin dans mes images, avec un format bien plus grand que celui que j’utilise habituellement. Ainsi, une fois réduites, ces images donnent un sentiment de vertige propre au monde dans lequel la petite Alice vacille… »
Nous sommes ainsi propulsés au coeur de l’œuvre de celui dont Gilles Deleuze affirmait qu’il avait « fait la première mise en scène des paradoxes du sens, tantôt en les recueillant, tantôt en les renouvelant, tantôt en les réinventant ».
Au fil de du récit, que l’on connaît moins pour l’avoir lu qu’au travers du cinéma, de la BD, du théâtre ou de la musique, les illustrations de Benjamin Lacombe (gouache, huile et aquarelle) s’imprègnent d’une fantaisie baroque qui met parfaitement en lumière sa dimension surréaliste et subversive.
Et quelle belle idée d’avoir traduit les changements de taille d’Alice à l’aide de planches qui se rabattent ou se déploient !
A.C.
296 p. 29,95 €