
Titre original : The book tour (Angleterre) – Traduction Hélène Duhamel – Copyright A. Watson / Çà et Là – 212 p., 22 €
Comment ne pas faire un parallèle avec deux personnages que l’on rencontre dans au moins deux romans inachevés et posthumes de Franz Kafka (1883-1924) : Joseph K (Le Procès, 1924) et K l’Arpenteur (Le Château, 1926) ? On peut raisonnablement se dire que, s’il en avait eu le temps, l’auteur les aurait désignés autrement que par cette simple consonne… On pense également à Ionesco (Tueur sans gages).


Ici , G.H. Fretwell, un petit auteur de romans, qui pour la plupart finissent probablement au au pilon, vit dans une petite ville anglaise, avec sa femme, Rebecca, qui ne lui prête guère d’attention, et leur enfant. Son nouveau roman, Sans K, vient de sortir et Fretwell se lance dans une tournée de promotion programmée par son éditeur. Ladite tournée débute mal : à peine arrivé, un faux porteur de bagages lui dérobe sa valise contenant les exemplaires de son roman. Ensuite, il est plus ou moins bien accueilli dans les librairies et ne parvient jamais à dédicacer le moindre livre. Délaissé par son éditeur, qui a manifestement d’autres chats à fouetter, il attend avec impatience la parution d’une critique de Sans K dans la rubrique littéraire d’un grand quotidien, chronique qui ne viendra jamais.

Mais tout se corse encore lorsqu’il est interrogé par la police, car son circuit est étrangement similaire à celui du « Tueur à la valise », un tueur en série qui sévit dans les lieux qu’il a lui-même parcourus. Pour Fretwell, le cauchemar kafkaïen ne fait alors que commencer…

Une délicieuse comédie noire so british, avec la connotation satirique et politique qui va avec, dans laquelle le personnage un peu falot et constamment dépassé par les événements – mais qui oppose une résistance passive qui, sait-on jamais, pourrait s’avérer efficace – est un formidable anti-héros.
Anna K.
Andi Watson est né en 1969 à Wakefield (Angleterre). Après des débuts dans le jeu vidéo, puis un passage par le dessin animé, il se consacre à la bande dessinée à partir de 1993 avec « Samouraï Jam » . Il crée ensuite la série « Skeleton Key » puis « Geisha », qui lui vaudra une nomination aux prestigieux Eisner Awards en 2000.
Il est également l’auteur de plusieurs romans graphiques abordant avec finesse les relations entre hommes et femmes, dont « Breakfast After Noon » (nominé aux Eisner Awards en 2001), « Slow News Day », « Ruptures » et « Little Star ». Dans un registre moins intimiste, il a également collaboré avec Marvel, DC et Dark Horse Comics, puis a réalisé plusieurs bandes dessinées pour enfants. Andi Watson vit à Worcester (Angleterre) avec sa femme et sa fille.
Voir Archives : Points de chute (février 2016) et Breakfast After Noon (décembre 2017), Ed. çà et là.
