de Yves Sente (scénario), André Juillard (dessin) et Madeleine DeMille (couleurs) – Ed. Dargaud, nov. 2016 –
La saga Black et Mortimer est devenue au fil du temps – soixante-dix ans ! – un passage obligé pour les amateurs de BD.
Le 26 septembre 1946, l’éditeur Raymond Leblanc (Ed. du Lombard, Bruxelles) publiait le premier numéro de l’hebdomadaire, Le Journal de Tintin, avec à son sommaire, Le Temple du Soleil de Hergé, La guerre des Mondes de Wells, et le tout premier épisode de la série des Blake et Mortimer de Edgar Pierre Jacob : Le Secret de l’Espadon. Très rapidement, les lecteurs découvrent les « so british » Philip Edgar Mortimer, professeur de physique nucléaire, et son ami, Francis Percy Blake, membre éminent du département militaire de l’Intelligence Service.

Le Secret de l’Espadon tient en haleine les lecteurs de la revue durant trois années, puis, à partir de 1948, ceux de son édition française. Dès lors, les albums vont connaître un succès qui ne s’est quasiment jamais démenti.
En novembre dernier, L’Héritage Jacobs fait la part belle au créateur du tandem.
Ses auteurs, Jean-Luc Cambier et Éric Verhoest, font un point sur ce qui a été réalisé depuis sa disparition en 1987, et rendent compte des différents chemins empruntés par les héritiers de Jacobs pour scénariser et dessiner les nouvelles aventures de Blake et Mortimer.
Dans le même temps, Le Testament de William S., 24e opus de la série, sort en librairie.

Soixante-dix années d’investigations n’ont en rien entamé la fougue des deux héros, qui cette fois vont se lancer dans une chasse au trésor assortie d’une course contre la montre, pour le premier, et faire face à une bande de malfrats sans foi ni loi, pour le second.
William S., c’est bien entendu William Shakespeare, dont on célèbre en 2016 le 400e anniversaire de la naissance. A-t-il existé en tant qu’écrivain ? Est-il le véritable auteur de la célèbre tirade d’Hamlet dans la pièce du éponyme du poète, « To be or not to be » ? Ou bien encore, pour ne s’en tenir qu’à ces deux-là, celui de la très belle tirade de Shylok dans Le Marchand de de Venise, puisque l’action de la BD se déroule en grande partie dans la Cité des Doges ?
C’est à partir de cette question et de la polémique qui naît au début du 19e siècle, et qui perdure au 21e, que se tisse l’intrigue de l’album. Mortimer et Elisabeth Summertown, la fille de l’écrivaine Sarah Summertown (une des ex de Mortimer) sont amenés, sur la demande du marquis Stefano Da Spiriti, à s’intéresser à une lettre datant de 1632, découverte dans une chambre secrète de son palais. Avec en prime, pour celui qui parviendra à réunir les trois clés du Savoir dans un délai imparti, la « divine » perspective de se voir remettre une œuvre inédite (et inconnue au bataillon) du poète : Le Maître double.
De quoi aiguiser bien des appétits !De son côté, et c’est en réalité par cet épisode que débute l’album, mais les deux sont liés, le capitaine Francis Blake enquête sur une bande de Teddys liés au colonel Olrik – l’un des méchants historiques de la série – qui détroussent ceux qui se hasardent de nuit dans Hyde Park.
Bien qu’emprisonné, Olik suit avec intérêt ce qui se passe à l’extérieur, et en particulier à Venise…
Anne Calmat
64 p., 19,99 €