Les Tompettes de la mort – Simon Bournel-Bosson – Ed. L’Agrume

Depuis le 13 oct. 2022 – © S. Bournel-Bosson (scénario et dessin) / Ed. L’Agrume – 240 p., 29 €

Suite aux démêlés conjugaux de ses parents, Antoine est confié pour un temps à ses grands-parents paternels. « Tu seras bien ici« , lui a dit son père pour se donner bonne conscience. Au vu des expériences antérieures, Antoine est loin d’en être convaincu.

Ils vivent dans une maison isolée au milieu de la forêt vosgienne. Coincé entre une mamie pleine de bonne volonté mais un peu vieux jeu, et un papy hostile à sa présence, le jeune garçon attend avec impatience que ses parents reviennent le chercher. Son cadre de vie lui semble sinistre, la nature environnante, hostile. Et ce ne sont pas les nombreux trophées de chasse qui ornent les murs de l’entrée qui risquent de le faire changer d’avis. Pour l’heure, Antoine se détend en visant des cibles avec une carabine à bouchon, à défaut de pouvoir regarder tranquillement ses émissions préférées. L’essentiel pour lui est de se tenir à distance de cet ours mal léché, maniaque du martinet, qu’est son grand-père (qu’il ne détesterait sans doute pas dégommer au passage).

(détail planche)

Un jour pourtant, il est contraint de le rejoindre dans la forêt pour une cueillette de champignons, et plus précisément une cueillette de trompettes de la mort.

Eu égard au titre de l’album, nous marquons ici une pause afin de rappeler qu’il ne faut pas les confondre avec les redoutables amanites phalloïdes, dont l’appellation évoque plutôt Eros et Thanatos ; les trompettes étant au contraire tout à fait comestibles, et même très appréciées des gourmets.

détail planche

À un certain moment, Antoine s’éloigne du sentier qu’ils venaient d’emprunter, et il se perd. Il tombe alors sur un champignon étrange, s’en empare, tout se met à tourner autour de lui, il s’évanouit. À son réveil, il n’est plus un enfant de dix ans, mais un chevreuil.

Le dessin que l’on découvre sur la première planche de l’album, et qui montre un chevreuil blessé – peut-être à mort – par une flèche, prend alors tout son sens.

Les très belles planches qui suivent ne sont pas sans renvoyer à des souvenirs d’enfance, et parmi eux, à Bambi, contraint désormais de se débrouiller seul, en évitant les dangers qui le menacent. À commencer par les chasseurs et leur meute de chiens…

Alors que sa grand-mère s’inquiète pour lui, son mari bat la campagne fusil au poing.

Cette course-poursuite va atteindre son paroxysme au moment où le vieil homme se retrouve face à sa proie. Quelle proie ? Tout reste possible.

© P. Bournel-Bosson

Une réussite absolue, un conte initiatique et fantastique captivant, doublé d’un coup de maître de la part de son auteur, dont c’est la première bande dessinée.

Anne Calmat