

Ce troisième et dernier volume débute par une rencontre entre Fabien Toulmé et les élèves d’un lycée du sud de la France. Le T. 3 de L’Odyssée d’Hakim n’a pas encore été publié, l’auteur leur fait un résumé des deux précédents, répond à leurs questions, met un certain nombre d’éléments en perspective, puis rejoint Hakim, afin de poursuivre et clore une longue conversation entamée en octobre 2016. (v. Archives, mai 2020)


Hakim décrit alors les dernières étapes d’un périple qui a duré quatre ans, jusqu’à cet ultime et éprouvant voyage à travers plusieurs pays de transit, qui va les mener, son tout jeune fils Hadi et lui, de la Macédoine à la France. Il évoque les longues marches de nuit avec d’autres réfugiés : ne pas se faire repérer, rester groupés pour faire échec aux brigands venus les dépouiller, ne pas oublier de se faire enregistrer dans les pays traversés, mais sans se tromper sur la nature de l’attestation de passage – demande d’asile ou simple laisser-passer ? Trouver où se laver, où se restaurer, pourvoir aux besoins du petit Hadi dont la vie lui est plus chère que la sienne, faire une halte chez l’habitant pour une nuit que l’on espère paisible. Et voir le maigre pécule qu’il avait emporté fondre comme neige au soleil.

Il y a eu des rencontres heureuses et celles qui l’étaient moins, des policiers bienveillants prêts à tendre la main, et les autres. Il y a eu des pays qu’il aurait fallu éviter, et ceux qui facilitaient la vie des migrants. « En Autriche, on avait l’impression d’être traités comme des personnes qui avaient une valeur, par opposition à la Hongrie où on se sentait comme des animaux, des criminels.» Il y a eu de grandes peines, des fausses joies, puis l’ineffable bonheur d’être tous réunis. Ensuite, le principe de réalité a eu beau rattraper Hakim, il saurait faire face.


Un sans faute comme d’habitude de la part de Fabien Toulmé, dont l’immense talent tient à la justesse de son écriture et à sa capacité nous faire partager son empathie. Nous sommes aux côtés de ses héros, nous les suivons pas à pas, partageons leurs attentes et leurs déceptions. Un témoignage puissant sur ce que c’est qu’être humain dans un monde qui parfois oublie de l’être.
Anne Calmat
304 p., 24,95 €
Extrait d’interview de Fabien Toulmé (© Delcourt).
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dans cette dernière partie du récit ?
Chaque étape, prise de façon individuelle, est déjà très forte et doit être très dure à vivre, mais ce qui m’a le plus marqué c’est justement l’enchaînement, sans répit, de toutes ces étapes. Comment Hakim, avec un enfant qui savait à peine marcher, a-t-il pu endurer tout ce voyage en ne dormant quasiment jamais et dans des conditions très rudes ? J’avoue que je suis admiratif de sa force et de son courage.
D’ailleurs globalement, qu’est-ce qui t’a le plus étonné chez Hakim ? Et dans son récit ?
En plus de ce que je viens de dire, je pense que c’est sa résilience. Sa capacité à faire de l’humour sur des moments durs de son parcours. Et je suis également impressionné par sa patience, le temps qu’il a pris pour me raconter, en détail, pendant plus d’un an et demi, toute son histoire.
Voir aussi « Ce n’est pas toi que j’attendais » (Archives mars 2017) et « Les deux vies de Baudoin » (idem)