Nanaqui. Une vie d’Antonin Artaud – Benoît Broyart – Laurent Richard – Ed. Glénat

« Qui je suis ? D’où je viens ? Je suis Antonin Artaud / et que je le dise / comme je sais le dire / immédiatement / vous verrez mon corps actuel / voler en éclats / et se ramasser / sous dix mille aspects notoires / un corps neuf / où vous ne pourrez plus jamais m’oublier » – Texte datant de 1947, écrit en vue de l’émission de radio interdite Pour en finir avec le jugement de Dieu.

Antonin Artaud après neuf ans d’internement.
Frère Jean Massin

Avant d’être une œuvre, Antonin Artaud (1896-1948) reste pour beaucoup un regard, un visage. Celui de l’acteur des années 30 à la beauté troublante (Marat dans le Napoléon d’Abel Gance, Frère Jean Massin dans la Jeanne d’Arc de Carl Dreyer…), puis, presque sans transition, celui du vieillard avant l’âge au visage émacié, qui disait qu’on l’avait « salopé vivant ».

Copyright Laurent Richard
Copyright Laurent Richard

La BD : En septembre 1937, Antonin Artaud est arrêté en Irlande pour trouble à l’ordre public, puis débarqué en France. Dans un état de confusion mentale avancée, sujet à de fréquents accès de démence, l’asile et l’internement seront dès lors son lot quotidien, pendant plus de 9 ans. Mais si l’art a toujours été et restera l’ultime échappatoire des douleurs qui le rongent intérieurement, Antonin Artaud ne se remettra jamais vraiment de cet état de fait, malgré le soutien de ses amis artistes. La faute à un encadrement médical inefficace ou de mauvaises conditions d’internement ? Reste aux lecteurs une œuvre immense où réside sans doute les clés d’un monde intérieur trop intense pour le carcan de la réalité.

Benoît Broyart, auteur, crée une porte d’entrée originale et puissante sur l’univers d’Artaud ; un texte merveilleusement servi par le trait acéré de Laurent Richard.

128 p., 22 €

Autoportrait

Voir également « L’Esprit rouge  » BdBD/Arts + Archives, mars 2016