Nuit noire sur Brest

couve_brest_la_rouge_telD’après Nuit franquiste sur Brest de Patrick Gourlay – Adaptation et dialogues Bertand Galic et Kris – Dessin et couleurs Damien Cuvillier – Ed. Futuropolis –

Nuit noire sur Brest revient sur un fait historique survenu en août 1937, opposant différents courants politiques à propos de la présence d’un sous-marin espagnol dans la rade de Brest, le C2.

La France d’alors, après la chute du leader socialiste du Front populaire, Léon Blum, est divisée. Les conservateurs, les milieux patronaux, les militaires sont inquiets, l’extrême droite est vigoureuse. Du côté espagnol, le coup d’État du général Franco contre le Frente popular complique encore la situation.

Le gouvernement n’est pas unanime sur les décisions à prendre. Il subit de plus les pressions diplomatiques du Royaume-Uni, qui exige la neutralité.

C’est dans ce contexte tourmenté, propice à l’espionnite, au double jeu et aux luttes souterraines, que débute le récit.mep_nuit_noire_sur_brest-3_telLe 20 août 1937, un bateau heurte dans le brouillard un sous-marin, dont l’équipage est espagnol. Sous couvert de neutralité dans le conflit qui secoue l’Espagne, les autorités françaises refusent l’assistance technique réclamée par le commissaire de bord, et lui intiment l’ordre de mouiller dans le port. Commence alors un ballet de personnages, sympathiques ou antipathiques, selon les points de vue. Nous croisons un espion, quelques Croix-de-Feu, un reporter, un patron de bar anarchiste, un groupe de communistes, un commandant de l’armée franquiste, et une entraîneuse, liée par son passé au capitaine du sous-marin.

La maîtrise des voies fluviales est cruciale pour qui veut l’emporter, or, Franco manque cruellement de sous-marin. Rien de plus urgent donc que de s’emparer des bâtiments républicains, même s’ils stationnent en France.

Paralysées par la neutralité et certaines sympathies, les autorités ne feront rien. Communistes et anarchistes uniront leurs forces pour faire échec à la prise de guerre franquiste. Le commando sera défait, ses membres arrêtés. Mais une justice clémente les fera ressortir trois jours après l’audience, avec six mois de prison, pour détention d’armes de guerre et cinq jours, pour délit de port d’armes, purgés en préventive.mep_nuit_noire_sur_brest-6_tel

Les dernières pages évoquent l’importance de la mémoire de ces années noires, pour repousser l’oubli qui pourrait tout ensevelir.

La trame du récit, très dense, requiert une certaine attention pour être suivie. Les personnages et les décors sont réalistes, avec des contrastes de couleurs saisissants. La postface de l’auteur, qui relate l’affaire dans toute sa complexité, son issue, le devenir des personnages, agrémentée de photographies d’époque, est passionnante.

Nicole Cortesi-Grou

88 p., 17 € – En librairie le 15 septembre

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