de Golo Zhao (textes et dessins – Ed. Cambourakis, 2014 (Coup d’oeil dans le rétro)
Une petite ville au bord de la mer. Une petite ville en Chine, à l’écart des séismes politiques qui ont bouleversé cet immense pays.
Des histoires, au nombre de cinq, mettent en scène des personnages dont les ressorts intimes seront dévoilés dans la sixième.
La vie s’écoule doucement, les gens habitent dans des maisons un peu délabrées mais non sans charme, qui n’ont pas plus de trois ou quatre étages. Chacun se conduit comme s’il existait un contrôle implicite, mais l’autorité est invisible.
Une petite fille accompagnée à son insu par un garçon qui lui sauvera la vie sur un passage pour piétons. Une lycéenne passionnée de géographie qui va rester au pays, sans savoir que des chances exceptionnelles s’offraient à elle. Les querelles de deux amis qui ont chacun un appareil photo de prédilection. Des enfants amateurs de bonbons, mais terrifiés par la patronne du bazar. Un garçon incapable, de par sa maladie, de ressentir la douleur physique, révolté par son infirmité et persécuté par ses camarades de classe. Un couple de fiancés d’il y a soixante ans, séparé par des événements déconcertants.
Il y a des sauts dans le temps, des retours en arrière, des personnages élusifs dont l’intervention est déterminante, et aussi des chats, avec leur mystérieux pouvoir de catharsis, qui font évoluer les choses et les gens.
il y a un aspect initiatique dans chaque histoire : les personnages ont un chemin à parcourir, doivent faire des choix et en mesurer les conséquences. Derrière la vie, on s’aperçoit en effet que les actes de chacun sont pris en compte, que des passeurs, un peu anges gardiens, conduisent les âmes – oui, oui, c’est bien d’âmes qu’il s’agit – vers leur devenir.
Les dessins à l’aquarelle de Golo Zhao mettent parfaitement en valeur les ambiances contrastées des différents récits. Ses personnages vêtus de bleu se détachent sur le fond ocre de la ville, qui respire au gré des vents, des orages et même d’un cataclysme.
Et le clin d’oeil d’un gros chat qui n’a qu’une oreille – à moins qu’il ne l’ait couchée sur sa tête…
Jeanne Marcuse
176 p., 22 €
Visuels © Cambourakis