Saison brune (T. 2) « Nos epreintes digitales » – Philippe Squarzoni (scénario et dessin) – Ed. Delcourt

À partir du 2 novembre – Copyright P. Squarzoni / Delcourt, 264 p., 21€90

10 ans après la parution de Saison Brune, Philippe Squarzoni prolonge son documentaire de référence sur le réchauffement climatique. Accélérée par la crise sanitaire et les confinements successifs, la numérisation du monde est en marche. Et tandis que les écosystèmes s’effondrent, l’auteur s’interroge sur la place des nouvelles technologies dans le monde que nous transmettons aux nouvelles générations . Il examine nos nouveaux usages numériques pour mieux déterminer leur impact sur notre environnement.

À l’heure de la publication de ce second volet et au regard de la situation catastrophique actuelle, il nous a paru pertinent de rappeler la teneur du T.1 de Saison brune, paru en 2012 puis réédité en 2018 (Voir Archives 9/10/2015 & 17/08/2018).

Avec Philippe Squarzoni, le pavé n’a jamais été loin de la mare, au sens propre comme au figuré. Témoin, ce pavé (précisément) de 477 pages qui nous rappelle que » le compte à rebours est lancé et notre crédit de temps, limité. Il est déjà trop tard pour faire marche arrière » , écrivait-il alors. Le titre de l’album fait du reste référence à cette cinquième saison qualifiée de « brune » dans le Montana, période d’indécision entre l’hiver et le printemps.

Pour cela, l’auteur, grand zélateur de la bande dessinée d’intervention politique devant l’Eternel, fait appel à de nombreux spécialistes, des climatologues, un physicien nucléaire, une spécialiste en gestion de l’environnement, des économistes, un journaliste.
Dans le premier volet de Saison brune, les deux premiers chapitres sont consacrés aux aspects scientifiques du réchauffement de la terre : fonctionnement du climat, augmentation des gaz à effet de serre, risques encourus, expertise menée par le GIC et par les participants au mouvement altermondialiste ATTAC, etc.

Puis Philippe Squarzoni se livre à un recensement de leurs conséquences – nul besoin de les énumérer, elles continuent de s’étaler chaque jour sous nos yeux – et de leurs remèdes possibles. Que faire, quand tout ce qui est en cause est fondamentalement lié au fonctionnement même de nos sociétés ? Par quoi, par où commencer ? Quelle peut être notre action niveau individuel ?

Squarzoni analyse les différents scénarios énergétiques qui s’offrent à nous, puis il élargit son questionnement à d’autres dysfonctionnements notoires. Il met en garde et examine les modèles de sociétés qui permettront de limiter les dégâts.

À l’instar de ses précédents albums*, il trouve la bonnes distance entre didactisme à tout crin et vie au quotidien. émaillant son récit de références cinématographiques (Kurosawa, John Ford…), de croquis sur le vif, de graphiques, de saynètes. Le tout rythme, diversifie et fluidifie un scénario particulièrement foisonnant, à défaut d’être réconfortant.

Anne Calmat

Philippe Squarzoni a passé son enfance en Ardèche puis sur l’île de la Réunion. Il réside à Lyon. Après des études de Lettres, il s’engage dans plusieurs actions politiques et humanitaires (Croatie, Mexique, Palestine…). Ses premiers albums politiques, Garduno, en temps de paix  et Zapata, en temps de guerre  ont été publiés en 2002 et 2003 (Les Requins Marteaux). Il s’empare également de sujets difficiles comme l’infanticide  (Crash-Text ), la mémoire de la Shoah  (Drancy – Berlin – Oswiecim ) ou le handicap mental (Les Mots de Louise ). En 2007, il publie Dol dans lequel il dresse un bilan des politiques menées durant le deuxième mandat de Chirac. Loin de ces préoccupations politiques, Squarzoni a publié son premier récit en couleurs chez Delcourt en 2008, Un après-midi un peu couvert, un livre plus sensible, contemplatif et intemporel, une variation sur le thème de Peter Pan. Saison brune  (Delcourt, 2012), une édifiante enquête au long cours sur le changement climatique, le fait connaître du grand public (Prix Léon de Rosen de l’Académie française, Prix du jury du festival de Lyon BD). En 2016 il se lance dans d’adaptation du roman documentaire de David Simon, Homicide, une année dans les rues de Baltimore (voir Archives), qui relate l’immersion du journaliste au sein de la brigade criminelle de Baltimore en 1988 (série en 5 tomes parus aux Éditions Delcourt).