
Il n’y a plus une seconde à perdre….


Nous sommes en 2141, une classe d’adolescents parcourt les allées d’une expo, au cours de laquelle ils vont être invités à visionner un diorama du début du 21è siècle. Après avoir remonté le temps et retracé l’histoire de l’humanité, le prof résume ainsi la situation d’hier et aujourd’hui : ”D’avoir trop abimé la planète, nous nous sommes effondrés les uns après les autres, la population mondiale a été divisée par dix, et sans le Contrat, vous ne seriez jamais venus au monde”.

Les habitants des sept villes restantes – en permanence « secondés » par des robots – ont en effet été tenus de s’engager par contrat à ne jamais reproduire les comportements aberrants des générations précédentes, à être autosuffisants à 90% et à laisser la nature croître et/ou se régénérer à son rythme. On apprend un peu plus loin que dans certaines zones, elle a été irradiée.
D’abord séduits par le mode de vie de ceux qui semblent tous avoir « une tête lumineuse », les élèves trouvent finalement que ”tout ça, c’est un peu bidon”. Il est vrai que leur quotidien est aux antipodes de celui de cette foule compacte qui se déplace avec un smartphone collé à l’oreille…

Nous faisons ensuite connaissance de Youri et de sa mère, Simone Jones. Leurs relations sont difficiles : elle est astronaute, son travail la passionne tout autant que l’avenir de la planète. Lui a toujours eu le sentiment de n’avoir pas suffisamment de place dans sa vie. Simone se prépare justement à piloter le programme spatial Soon 2. Trente ans de voyage pour rejoindre Proxima B et avoir une chance de venir en aide aux huit-cents millions d’individus qui restent sur la Terre. Tous deux savent qu’il s’agit d’un aller simple. Avant son départ, Simone a voulu passer du temps avec son fils et lui faire découvrir la face cachée de cette Terre aux 7 villes.
Des rappels de ce que fût la planète avant sa quasi extinction, de ses heures de gloire à ses abominations, courent tout au long du récit qu’a composé Thomas Cadène. Il y est beaucoup question de conquète de l’espace. Mais qui, en 2141, se souvient des noms de ses pionniers ? Qui peut imaginer les inégalités sociales qui prévalaient autrefois, les épidémies, les pollutions meurtrières, la multiplication des conflits au sein de celle qu’on avait longtemps désignée sous le terme de « notre bonne vieille Terre » ?

La première étape de leur périple va les mener dans la Zone 4, là où se trouve le Mémorial des derniers vestiges d’un monde révolu. Les autres étapes seront à découvrir par celles et ceux qui auront la bonne idée de se pencher sur cette fiction à la fois sombre et teintée d’espoir.
L’album est extrêmement touffu, mais très fluide grâce à un découpage astucieux et des couleurs différenciées pour chaque thématique abordée.
La sonnette d’alarme est une nouvelle fois tirée. À bon entendeur…
Anne Calmat
240 p., 27 €