

Tout ne va pas si bien que ça dans la vie d’Ellie. La jeune fille fête son anniversaire en famille et elle n’a pas l’air d’en être ravie. « Vingt ans et toujours seule. » Ce ne sont pourtant pas les occasions qui ont manqué, mais plutôt l’envie pour elle de se lancer dans une relation sentimentale. La compagnie de son amie Holly la satisfait pleinement – leurs conversations ne manquent pas de piment !

Il y aurait bien Archimède qui lui a proposé de sortir avec lui, mais la perspective de ce que cela impliquerait la terrifie. Alors, ils parlent musique, peinture, recettes de cuisine. Ellie sent qu’elle s’est attachée au jeune homme, mais elle sait aussi qu’elle n’a pas de désir pour lui. Ellie est dans l’évitement, elle se protège. « Pour les bisous, on ira à ton rythme. Pour le sexe, ça viendra peut-être, et si ça ne vient pas c’est pas grave », lui a-t-il écrit dans un texto. Comment dès lors résister à l’envie de se blottir – chastement – dans les bras d’un garçon si compréhensif ?

On assiste ainsi aux premiers mois de la drôle de vie amoureuse de ces deux âmes sœurs, ce qui donne lieu à des dialogues aussi candides qu’impudiques. La tentation de sa part à elle de rompre ce lien est souvent très forte, on se dit alors que son auto-empêchement d’être heureuse vient probablement de loin. D’autant plus que la complexité des relations familiales s’étale sous nos yeux dès les premières planches. On croit tenir un début d’explication de son mal-être lorsqu’elle révèle à Archimède la violence de son rejet de sa sœur trisomique, lorsqu’elle était adolescente. Avec le sentiment de culpabilité qui s’en est suivi. « Je n’ai pas le droit d’être heureuse après ce que j’ai fait (…) Je lui en voulais de ne jamais m’en avoir voulu. » Mais il n’y a pas que cela.

Nous l’accompagnons dans sa valse-hésitation, qui va finalement la mener à une métamorphose dont on ne découvrira qu’à la toute fin de ce beau récit autobiographique bleuté (symbole de vérité), quelle forme elle va revêtir.

Anne Calmat
240 p., 18,95 €